Legendary tome 1 : Une nouvelle ere

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Chapitre 1 : Retour en arriére

 

 

« Personnage légendaire qui se transforme en loup les nuits de pleine lune[c1] [c2] . »

 

Les gens profitent du beau temps aujourd’hui pour sortir, moi aussi d’ailleurs. Enfin presque, je remonte cette rue, traverse la grande place et remonte dans le chemin des peupliers, direction la maison des Eleanor. Voir si la famille n’a besoin de rien ainsi que faire le tour du village comme je le fait depuis déjà quelques mois. Toutes les cinq minutes, j’entendais un villageois me dire « Bonjour Monsieur le Duc ».  Quel effet ! Cela me faisait étrange, enfin je commençais petit à petit à m’habituer et à faire tout ce que je pouvais pour améliorer le désastre qui s’abattu sur le village. Désastre qui fut en partie à cause de moi.  Le Duc de Montreville était à présent sous les verrous enfin plus précisément enfermé dans les cachots du château. Mais l’histoire ne s’arrête pas là

L’avenue des Peupliers, quelle drôle de nom ? En particulier que le chemin était border par des cerisiers, qui à cette époque était toute en fleur. Ca y est, je vois le père de Sakura dans les champs en train de faucher les blés avec ses ouvriers, les femmes y étaient aussi. Seulement je ne vois aucune trace de Sakura, où es-ce que cette petite sauvage à bien pu aller ? Rien que d’y penser je revois ce jeune visage devenue une femme à présent, tellement énergique et dire qu’il a fallu de peu. Je regardais tout autour de moi, même les arbres pouvaient devenir son abri ; même là il y n’y avait rien. Bon décidément je la trouvais pas autant se renseigner, je me dirigeais donc vers les champs. Les herbes sèches craquaient sous mes pieds, les céréales avaient très bien donnaient cette année, cela va arranger un peu la situation actuelle, les granges sont vides et les villes voisines ne sont mieux. En tant que Duc , j’avais le devoir d’arranger cela, mais comment ? A voici sa mère, je vais aller la voir, peut-être pourra t-elle me renseigner…..

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Publié dans : Histoires | le 27 août, 2011 |7 Commentaires »

I « Elle ne se souvenait de rien « 

 

 

 

 

E

milie se trouvait à l’arrière de la voiture de police, menottée. Sa tête lui tournait, elle essaya de faire revenir ses cheveux en arrière d’un bref coup de tête . Il était minuit passé quand ils lui ont passé les menottes au poigné. Elle ne rappela pas vraiment ce qui s’était passée. Elle regardait  autour d’elle, les rues passées si vite éclairé par les gyrophares  de la voiture. Elle sentit le rythme de cette bagnole ralentir et les gyrophares  s’éteindre. Les flics au volant défit sa ceinture de sécurité, descendit et fit le tour  de la voiture par derrière pour venir jusqu’à la portière d’Emilie. Il lui prit le bras et la fit descendre, Emilie ne broncha même pas du manque de délicatesse de cet homme, elle suivit sans rien dire. Elle se sentait vidé de son énergie, comme si elle venait de courir un marathon, elle avait du mal à tenir sur ses jambes, ses jambes tremblaient, elles revoulaient des efforts, ses muscles étaient chauds, et elle-même elle avait chaud. Le flic la conduisit à l’intérieur du commissariat et la mis dans une des cellules du fond. Personne ne s’était aperçu de leur arrivé mais elle remarqua tout. La présence immonde de bruit, des gens. Il avait été difficile pour le policier d’amener Emilie jusqu’à la cellule, tous les gens entassé là pour des raisons ou pour une autre mais Emilie savait qu’il n’y avait que deux catégories, les honnêtes et les malhonnêtes. Et elle, elle ne savait pas encore de quelle catégorie elle faisait partie. Elle réfléchissait en vain à ce qui à bien put se passer  ce soir. Des brides lui revenait mais ne pouvait pas y croire. Tout ce dont elle se souvenait était…tout simplement horrible.  Elle a vu son oncle Harley , étendue devant elle. Couché dans une marre de sang, elle était à genoux a côté de lui, ses mains pleine de sang, elle pleurait. Mais elle ne savait pas pourquoi, elle ne ressentait aucune tristesse de la disparition de son oncle. Rien du tout. Lorsque les flics l’avait interrogé deux heures plus tôt avant de finalement l’embarqué comme suspect n°1, elle leur avait répondu qu’elle ne savait pas ce qui s’était passé, elle ne souvenait même être venu par ses propres moyens chez son oncle. La seule chose dont elle se souvenait, c’était être rentré chez elle après une longue journée de travail, elle se souvenait aussi qu’elle avait fait des courses, en rentrant chez elle et qu’ensuite elle était allée prendre une douche. Voilà ce qu’elle leur avait répondu.  Elle était même en chemise de nuit au moment où elle s’était accroupie à côté de Harley. Quand Emilie releva la tête, elle fit toujours le même bordel, des gens qui se bousculent, des cris, des pleure, des soufflements, de la colère.  C’est toujours le même bordel dans ce lieu pourri, se dit-elle. Emilie comparaissait souvent le commissariat de la  petite ville à une décharge, ils sont empilé les uns sur le autres, sans aucun ordre de rangement, où toutes les odeurs que l’on puisse trouver sur terre se mêlent tous au même endroit. Qui pourrait imaginés que dans une si petite ville dans un coin paumé et  qui contient à peine 200 habitants pouvait avoir autant de merde !? Elle croisa ses jambes sur le banc et attendit. Au lendemain matin, un autre flic est venu la chercher dans sa cellule pour la réinterroger. Le flic l’amena dans une salle sombre, elle s’assit à la table, un inspecteur est venue encore une fois l’interroger mais la réponse était toujours la même, elle ne se  souvenait de rien. N’ayant aucune charge contre elle, elle fut relâchée. Elle reprit ses affaires personnel qui était rester a l’accueil et sortit du bâtiment.

Désormais dans la grande avenue, Emilie ; malgré les circonstances peu ordinaire se dit qu’elle se devait d’aller travailler cet après-midi afin de pouvoir aider ses patients. Elle remit son écharpe, enfila ses gants et ferma son manteau, l’hiver commençait à montrer le bout du nez, elle n’allait donc pas traîner. 11h30, juste le temps qu’il faut pour pouvoir faire un tour chez elle et aller ensuite au bureau. Lorsqu’elle atteignit son loft , elle se surprit à voir en essayant de déverrouiller la porte d’entrée que celle-ci était déjà ouverte. Elle rentra vit que était en ordre dans l’appartement, elle n’avait donc pas cambrioler, un soulagement. Elle n’aurait pas eu besoin de cela après la nuit qu’elle venait de passer. Elle se défit de ces affaires et prit le téléphone

-          «  Les cabinets Lortos, Valérie Bonjour

-          Oui bonjour Valérie, c’es Emilie, je vous appelle pour te dire que je serait présente cette après-midi et de maintenir les rendez-vous. Je n’ai pas pu venir ce matin, un empêchement es ce que les patients de ce matin  ont repris rendez-vous ou faut-il les rappelez ?

-          Eh bien  j’ai fait attendre le premier client mais voyant que tu n’arriver pas et que je n’arrivait pas à te joindre, il repartit sans reprendre rendez-vous préférant que je l’appelle pour lui confirmer un rendez-vous. Quand aux autres j’ai pris la liberté de les appeler pour leur dire que tu ne pouvais pas les recevoir et reprendre rendez-vous.

-          D’accord

-          Ah oui il y a eu seulement un patient qui ne pouvait pas attendre apparemment cela avait l’air urgent alors du coup c’est Christophe qui la prit en charge aujourd’hui.

-          Qui es ce ?

-          Mr Strongh

-          Ah oui okay christophe  avait t’a rendu le dossier je suppose.

-          Non je lui ai demandé mais n’a pas voulu, il voulait que ce soit toi-même qui aille le récupérer.

-          Mouai Ok, bon beh alors je te  dis à tout à l’heure.

Elle raccrocha et partit prendre une douche dont elle avait bien besoin. 12h20, son premier patient était à 13h ,et merde  se dit-elle. Elle engouffra un morceau, regroupa ses document enfila le tout dans sa sacoche et sortit de l’appartement en trompe en oubliant pas  de fermer la porte à clé. Lors qu’elle descendit les escaliers de son étage, elle fonça droit dans sa voisine  Mme Marci Prisca qui sortait faire un tour. Avec aucun dégât elle l’aida à se relever et continua sa route en reprenant la grande avenue.

Après avoir relâchée Emilie Lortos faute de preuve suffisante sans l’affaire Clevens, l’inspecteur Ric Tod retourna dans son bureau avec une sensation…d’impuissance. La preuve unique maisinsuffisante trouvé sur les lieux contre emilie n’avait mené à rien. Ce bouton lui appartenait certes mais ne prouver rien. Tod  décida donc d’aller interroger la femme de la victime ainsi que toutes les connaissances d’Emilie Lortos. « On sait jamais ça pourrait nous faire avancer » se dit –il en enfila son blouson de cuir et sortit du commissariat.


 

Publié dans : Histoires | le 27 août, 2011 |Pas de Commentaires »

Loup-Garous

Les loups-garous sont des humains qui peuvent se transformer en loup à la nuit tombée. Dans les contrées qui connaissent ou ont un jour connu les loups, circulent encore de terrifiantes histoires d’ « hommes-loups ». Même dans les pays où l’animal a disparu, la légende du loup-garou persiste et il continu à hurler à la mort les soirs de pleine lune. Des animaux-garous existent sur tous les continents : jaguars-garous en Amérique du Sud, serpents-garous en Chine, crocodiles-garous en Afrique et en Australie, tigres-garous en Inde.

Les loups vivent en meute et en respectent les régles. Leur instinct maternel très développé à parfois conduit les louves à recueillir et à élever des enfants abandonnés. Toutefois les loups restent des animaux féroces, surtout s’ils sont affamés, et peuvent s’attaquer aux humains et aux bêtes isolées. Du temps où les maisons n’étaient que de simples cabanes en bois, une meute de loups pouvait facilement se creuser un passage sous les murs ou briser les portes. Les fusils étaient la seule protection contre eux. Les légendes de métamorphoses étaient déjà répandues et la peur du loup engendra l’angoissant mythe du loups-garous qui, par sa nature, allie la conscience d’un homme à la force sauvage de l’animal.

Les nuits de pleine lune sont propices à la magie et les métamorphoses ont souvent lieu à ces moments là. Un homme se change en loups-garous pour de multiples raisons. La métaporphose peut-être volontaire si le sorcier avale un potion magique ou se vêt d’une peau de loup ensorcelée, mais la plupart du temps, la transformation est causée par la morsure d’un autre loup-garou ou par un ensorcellement. Dans ce dernier cas, si le loup-garou s’abstient de manger de la chair humaine pendant les neuf années du sortilège, il retrouvera sa forme humaine au sortir de l’enchantement. Les loups-garous sont des bêtes voraces et sauvages qui égorgent leurs victimes. Les meilleurs moyens de défenses contre eux sont les armes en argent comme les pointes de flèches ou de préférence les balles du fusil. Le loup-garou retrouve sa forme humaine à sa mort.

 

http://sevenangeliques.centerblog.net/rub-loups-garous-.html

 

Publié dans : Legendes | le 9 mars, 2011 |1 Commentaire »

Légende arthurienne

Le roi Uther Pendragon désirant Igerne, la femme du duc de Cornouaille Gorlois, demande à Merlin de le transformer en celui-ci. Cela fait, il passe la nuit avec la belle Igerne sous les traits du duc; cette nuit là, il engendre un enfant, qu’il nomme Arthur. Le roi Uther le confia à Merlin, qui confia le jeune Arthur au meilleur des chevaliers du royaume, sire Hector ; celui ci élève Arthur avec son épouse et son fils, Kay.
Mais Arthur a un tout autre destin que celui de chevalier. Il doit être Roi, tout comme son véritable père,  Uther Pendragon.
A l’âge de 16 ans, Merlin emmène  Arthur au socle de pierre pour retirer l’épée de la pierre, Excalibur.
Là où tous les autres avaient échoué, Arthur retire l’épée sans difficulté, et tous le reconnaissent comme roi et souverain du royaume de Logres.

Le roi Arthur réunit 13 royaumes sous sa bannière et dans la bonne cité de Camelot, il rassemble les meilleurs chevaliers, les plus braves et les plus valeureux, autour d’une table : la Table Ronde.
Après plusieurs batailles, quêtes et aventures aussi extraordinaires que fantastiques, tous partent pour la quête ultime : LA QUÊTE DU GRAAL.
Je pourrais m’attarder plus longuement sur la quête du Graal, mais là encore vous ne me croiriez pas, tant les aventures furent merveilleuses et étranges…

Mais des événements bien plus tragiques arrivèrent à Camelot…
Mordred, fils  d’ARTHUR et de MORGANE, est une personne aussi froide que l’hiver, haineux et sans parole ni honneur.
Mordred déclare la guerre à Camelot ; de batailles en batailles, les deux camps se rencontrent  à la bataille finale de Salesbieres, où presque tous périssent.
Arthur à lui seul extermine plusieurs centaines d’ennemis et ses chevaliers se battent comme des preux.
Mais le résultat de cette guerre est terrible ; le fils tue le père, et le père tue le fils.
Les deux armées sont décimées, mais le bien a triomphé et Mordred est mort.
Malheureusement Arthur est mortellement blessé. Il ordonne à l’un des seuls survivants de son armée, Bediwere, le chevalier écuyer du roi Arthur, de remettre Excalibur au lac.
Une fois l’épée rendue à la Dame du Lac, Arthur peut mourir en paix.

Pour ma part, il n’est pas mort. Il se repose en compagnie de Merlin,  de Morgane  et de ses preux en l’île d’Avalon. Car tant que son nom, son épée ou sa couronne feront briller les yeux d’un enfant, il peut espérer revenir…
ICI et maintenant. Ici et autrement…

La geste d’Arthur

Je suis l’ours, le dragon…

Je suis le roi Arthur, mais avant cela je n’étais qu’un enfant, né par la magie de mon ami Merlin. Par un puissant sortilège, celui-ci a métamorphosé  le roi Uther en duc de Cornouailles, époux de la belle Igairne. Uther passa la nuit avec elle  et  je fus engendré cette nuit là, aussi brumeuse fut-elle.

A ma naissance, Merlin fut une très bonne nourrisse, mais  voué à une toute autre vie, je fus donné en toute discrétion au plus noble et loyal  chevalier du royaume :  ce prude homme avait pour nom Hector. Il fut mon tuteur, me chérit  comme son propre fils qui avait pour nom Kay, devenu mon grand frère.

Un jour Merlin fut de retour et m’emmena  à un tournoi où tous les chevaliers du royaume devaient participer.

Quelle fut ma surprise lorsque Merlin me déposa devant la pierre de l’Epée ! Moi, qui ne suis qu’un pauvre écuyer !  Il les appela tous, chevaliers, ducs, contes, grands seigneurs, dames damoiselles, manants, tous il les réunit  autour de la pierre.
D’une voix haute et perçante,  il cria à tous que je suis le fils d’Uther  et donc que je suis roi, celui ci étant mort il y a quelques années de cela.
Merlin demanda à la foule de  s écarter et de me laisser retirer l’Epée de la pierre, là où bien des gens ont échoué.

L’Epée est dans mes mains à présent…  Un peu étourdi, je n entends plus rien, je ne respire plus, mes yeux sont troublés  par l’émotion, mon corps tremble…  Je suis roi, je suis Arthur !  A présent, j’entends la foule  m’acclamer ; ils disent : « Vive Arthur,  vive le roi Arthur ! Un grand roi pour la terre! ».

Maintenant bien des choses vont changer. Je dois réunir tous ces braves chevaliers ; ainsi avec l’aide de Merlin, ce royaume pourra enfin renaître !

http://www.chevalierspourpres.com/arthur3.html

Publié dans : Legendes | le 9 mars, 2011 |8 Commentaires »

La bête du Gévaudan – l’histoire

L’histoire

Au commencement de juin de l’année 1764, une femme de Langogne, en Gévaudan, gardant son troupeau de boeufs, aux environs du bourg, fut attaquée par une bête féroce. Les chiens, à l’aspect de la Bête, tremblants de peur, s’enfuirent la queue basse; les boeufs, au contraire, vaillamment groupés autour de leur gardienne, mirent l’animal en fuite. La femme, au reste, n’était pas blessée; elle rentra à Langogne, très émue, la robe et le corsage en lambeaux. À la description qu’elle fit du monstre qui l’avait assaillie, on comprit que la peur lui avait quelque peu troublé la tête. C’était un loup, tout simplement, assuraient les sceptiques; peut-être un loup enragé; le fait n’était pas rare, et l’on n’en parla plus.

Mais quelques semaines plus tard, le bruit se répand, dans toute la vallée de l’Allier supérieur, que la Bête a reparu. Le 30 juin, à Saint-Étienne-de-Lugdarès, en Vivarais, elle a dévoré une fillette de quatorze ans; le 8 août, elle attaque une fille de Puy-Laurent, en Gévaudan, et la déchire; trois garçons de quinze ans, du village de Chayla-l’Évêque, une femme d’Arzenc, une fillette du village de Thorts, un berger de Chaudeyrac, sont trouvés morts dans les champs; leurs corps, horriblement mutilés, sont à peine reconnaissables. En septembre, une fille de Rocles, un homme de Choisinet, une femme d’Apcher, disparaissent; on recueille leurs débris et des lambeaux de leurs vêtements épars dans les champs et dans les bois. Le 8 octobre, un homme jeune de Pouget rentre au village terrifié, à demi mort : il a rencontré, dans un verger, la Bête, qui lui a lacéré la peau du crâne et de la poitrine. Deux jours plus tard, un enfant de treize ans a également le front ouvert et le cuir chevelu arraché. Le 19 octobre, une fille de vingt ans est trouvée aux environs de Saint-Alban, dans une prairie, affreusement déchiquetée : la Bête s’était acharnée sur elle, « avait bu tout son sang« , et dévoré ses entrailles.

Tout le Gévaudan en tremblait. Le capitaine Duhamel, aide-major des dragons de Langogne, s’était volontairement mis à la tête d’une troupe de hardis paysans afin de donner la chasse à l’animal mystérieux. Il avait même cerné et tué un grand loup qui lui avait valu dix-huit livres de prime mais les gens de la campagne ne se rassuraient point ; ce vulgaire loup n’était pas la Bête, ainsi qu’on s’efforçait à le leur faire croire, et, de ce fait, on apprit presque aussitôt que celle-ci se moquait des chasseurs et poursuivait ses ravages. Un soir d’octobre, un paysan du village de Julianges, Jean-Pierre Pourcher, rangeait des bottes de paille dans sa grange; le soir tombait, la neige couvrait la campagne. Tout à coup, une ombre passe devant l’étroite fenêtre du hangar. Pourcher est pris d’une « espèce de frayeur », il va décrocher son fusil, se poste à la lucarne de son écurie et il aperçoit dans la rue du village, devant la fontaine, un animal monstrueux et tel qu’il n’en a jamais vu.

« C’est la Bête, c’est la Bête ! » se dit-il.

Quoiqu’il fût très fort et courageux, il tremblait au point que ses mains pouvaient à peine tenir son arme. Pourtant, ayant fait le signe de la croix, il épaule, vise, tire; la bête tombe, se relève, secoue la tête sans bouger de place et regardant de tous les côtés d’un air furieux. Pourcher lâche un second coup : la Bête jette un cri terrifiant, fléchit sur ses pattes et s’enfuit en faisant « un bruit semblable à celui d’une personne qui se sépare d’une autre après une dispute« . De ce soir-là, Pourcher resta bien convaincu que, à moins d’un miracle, tous les habitants du Gévaudan étaient destinés à être mangés…

De tels récits portaient au loin la terreur; les travaux des champs étaient délaissés, les routes désertes; les gens ne sortaient de chez eux qu’en troupes bien armées. Le capitaine Duhamel et ses dragons opéraient des battues journalières; 1200 paysans, porteurs de fusils, de faux, d’épieux, de bâtons, lui servaient d’escorte; dès qu’un méfait de la Bête était signalé, on se ruait en masse à sa poursuite. M. de Lafont, syndic à Mende; M. de Moncan, commandant général des troupes du Languedoc; un gentilhomme de la région, M. de Morangiès, et Mercier, le plus hardi chasseur du Gévaudan, s’étaient mis en campagne; ils battaient le pays de Langogne à Saint-Chély, et de Malzieu à Marjevols. Des crieurs allaient de village en village pour ameuter les paysans ; les braves se mobilisaient et, par les chemins neigeux, partaient résolument à la recherche du monstre

Un jour, la bande que commandait M. Lafont, en marche depuis soixante-douze heures, s’arrêta subitement tout près du château de la Baume. Qu’y a-t-il ? La Bête ! La Bête est là ! On vient de l’apercevoir dissimulée derrière un mur ; elle est couchée sur le ventre et guette un jeune berger qui, à quelque distance, garde des boeufs dans un pâturage. Mais elle a éventé l’ennemi; en quelques bonds, elle gagne un bosquet voisin. Cette fois, on la tient : les paysans se précipitent au nombre d’une centaine, cernent le petit bois, tandis que d’autres, avec précaution, se glissent sous les branches, battant les fourrés… La Bête, débuchée, prend son élan. Un chasseur la tire à dix pas; elle tombe, se relève, reçoit une seconde balle, tombe de nouveau, se relève encore et rentre dans le bois en clopinant. On la poursuit, on la fusille de tous côtés; la voici encore une fois en plaine, tombant à chaque décharge, se redressant toujours; on la voit enfin revenir au bosquet et s’y enfermer…

On l’y poursuit jusqu’à la nuit sans la rencontrer. Comme on la croyait morte, on remit au lendemain la recherche de sa dépouille. À l’aube, 200 hommes, bien armés, explorèrent tous les buissons, écartant les branches, fouillant les amoncellements de feuilles mortes, jusqu’à ce qu’on apprît que deux femmes qui s’étaient risquées dans les champs, sur la bonne nouvelle que la Bête était tuée, l’avaient vu passer, très vivante, mais boitant un peu. Deux jours plus tard, à trois lieues de là, un jeune homme de Rimeize était rapporté tout sanglant, la peau du crâne enlevée, et le flanc ouvert. Le même jour, une enfant de Fontan était mordue à la joue et au bras; et l’on trouvait, dans un champ voisin de l’habitation de M. de Morangiès, le cadavre en lambeaux d’une fille de vingt et un ans que, malgré son épouvante, ses parents avaient forcée d’aller traire les vaches. C’était à désespérer ! Des dix mille chasseurs qui, à la fin d’octobre, s’étaient mis en campagne, il n’en restait plus un qui n’estimât toute tentative désormais inutile; le Gévaudan devait se résigner et subir avec une pieuse patience ce mystérieux et cruel fléau.

On savait bien maintenant que la Bête n’était pas un loup. Trop de gens l’avaient vue et donnaient d’elle des descriptions concordantes: c’était un animal fantastique, de la taille d’un veau ou d’un âne; il avait le poil rougeâtre, la tête grosse, assez semblable à celle d’un cochon, la gueule toujours béante, les oreilles courtes et droites, le poitrail blanc et fort large, la queue longue et fournie avec le bout blanc. Certains disaient que ses pieds de derrière étaient garnis de sabots comme ceux d’un cheval.

La Bête semblait douée d’une sorte d’ubiquité dénotant une agilité surprenante; dans le même jour on avait constaté sa présence en des endroits distants l’un de l’autre de sept à huit lieues. Elle aimait à se dresser sur son derrière et à faire de « petites singeries« ; auquel cas elle paraissait « gaie comme une personne » et feignait de n’avoir point de méchanceté. Si elle était pressée, elle traversait les rivières en deux ou trois sauts; mais, quand elle avait le temps, on la voyait marcher sur l’eau sans se mouiller. Quelqu’un assurait l’avoir entendue rire et parler. Il était de tradition que lorsqu’une mère gourmandait son enfant et le menaçait de la Bête, celle-ci, avisée, on ne sait par qui, venait poser ses deux pattes de devant sur l’appui de la fenêtre et contemplait d’un air arrogant le bébé promis à sa convoitise. D’ailleurs elle dévorait rarement le cadavre de ses victimes, se contentant de le déchirer, de sucer leur sang, de scalper la tête et d’emporter le coeur, le foie et les intestins.

La calamité qui frappait le Gévaudan mettait en émoi tout le royaume; des journaux de Clermont et de Montpellier, la nouvelle était passée aux gazettes parisiennes, et la Bête faisait à la ville et à la cour, le sujet de toutes les conversations.

Le roi Louis XV, lui-même, bien qu’il eût d’autres soucis, voulut bien compatir aux malheurs de ses féaux sujets du Haut-Languedoc, et son ministre donna l’ordre de faire donner la troupe.

Conformément à ses instructions, le capitaine Duhamel vint, à la tête de ses dragons, installer son quartier général à Saint-Chély; il y tint conseil avec les tireurs les plus réputés de la région : MM. de Saint-Laurent et Lavigne ; puis il fit un plan de campagne qui consistait en huit battues; une gratification de deux mille, puis de six mille livres, fut promise à celui qui tuerait la Bête; aux prônes de toutes les paroisses fut donnée lecture des dispositions prises, et l’annonce de si sages mesures réconforta quelque peu les paysans. À moins qu’il ne fût vomi par l’enfer, le monstre devait, à coup sûr, succomber et l’on ne tarderait pas à apprendre sa fin. Même, pour plus d’assurance, ces messieurs des États de Languedoc ordonnèrent que sa dépouille serait apportée au lieu de leurs séances, afin que chacun pût se rendre compte que la Bête était enfin exterminée.

Les huit battues s’effectuèrent, dans l’ordre prescrit, du 20 au 27 novembre : elles ne donnèrent aucun résultat. Dès que les troupes eurent regagné leur cantonnement, on apprit que, durant l’expédition, la Bête avait poussé une pointe du côté de Sainte-Colombe; elle y avait tué cinq filles, une femme et quatre enfants… La terreur redoubla : l’évêque de Mende consacra un mandement à cette désolation publique et des oraisons furent ordonnées dans toute l’étendue du diocèse pour qu’il plût à Dieu de susciter un nouveau saint Georges, assuré d’avance de la vénération de tout le pays. Et tandis que les habitants étalent en prières, la Bête, en plein jour, le 6 janvier 1765, enlevait une mère de famille : Delphine Courtiol, au village de Saint-Méry. C’était assurait-on, sa soixantième victime, sans compter les malheureux, très nombreux, qu’elle avait, en six mois, blessés ou estropiés.

À cette époque – janvier 1765 – se place un incident qui mit en émoi tout le pays. Le 12 janvier, un berger du village de Chanaleilles âgé de douze ans, et nommé Jacques Portefaix, gardait des bestiaux dans la montagne. Il était accompagné de quatre camarades et de deux fillettes plus jeunes que lui : par crainte de la Bête, ces enfants s’étaient armés de bâtons, à l’extrémité desquels ils avaient fiché des lames de couteaux. L’une des petites, soudain, poussa un cri : la Bête venait de surgir d’un buisson à quelques pas d’elle.

Jacques Portefaix groupe tout son monde : les plus forts en avant, protégeant le reste de la troupe ; le monstre tourne autour d’eux, la gueule écumante. Les braves petits, serrés l’un contre l’autre, font le Signe de Croix et cherchent à se défendre à coups de leurs épieux: mais la Bête, s’élançant, saisit l’un des enfants à la gorge et l’emporte : c’est le petit Panafieux, qui a huit ans. Portefaix, héroïquement, se lance à la poursuite du fauve, le larde de coups de couteau, le force à lâcher sa proie ; Joseph Panafieux en est quitte pour une joue arrachée que la Bête, en trois coups de dents, mange sur place. Mise en goût, elle attaque une seconde fois le groupe terrifié, renverse l’une des fillettes d’un coup de son horrible museau, mord un des garçons à la lèvre – il s’appelait Jean Veyrier – le saisit par le bras et l’entraîne.

Un autre, qui a trop peur, crie qu’il faut sacrifier celui-là et profiter, pour s’enfuir, du temps que la Bête mettra à le manger. Mais Portefaix déclare qu’ils sauveront leur camarade ou qu’ils périront tous. Ils le suivent, même Panafieux qui n’a plus qu’une joue et que le sang aveugle; tous, hardiment, piquent la Bête, cherchent à lui crever les yeux ou à lui couper la langue; ils l’acculent dans un bourbier, où, s’enlisant, elle lâche l’enfant qu’elle tient. Portefaix se jette entre elle et lui, cogne à grands coups de bâton sur le groin du monstre qui recule, se secoue et s’enfuit.

Le procès-verbal authentique de cet exploit fut envoyé à Mgr l’évêque de Mende qui l’adressa au roi. Celui-ci décida que chacun des sept petits paysans de Chanaleilles toucherait trois cents livres sur sa cassette et que le jeune Portefaix serait élevé aux frais de l’État. Il fut placé, quelques mois plus tard, chez les Frères de Montpellier : disons pour n’y plus revenir, qu’après de brillantes études, il entra dans l’armée et mourut en 1795, lieutenant d’artillerie coloniale.

La France entière connut, par les gazettes, les complaintes et les images, cet épique combat; si la célébrité de Jacques Portefaix fut immédiate, la renommée de la Bête s’accrut de l’aventure. De tous les points du royaume – de Marseille et de Gascogne surtout – des héros s’offraient pour en débarrasser le Gévaudan. Le moindre tireur d’alouettes rêvait de ce beau coup de fusil, d’autant plus que le roi promettait une prime de 9 400 livres à l’heureux chasseur qui triompherait de l’invincible et mystérieux animal.

Les gens timorés eux-mêmes ne se désintéressaient point de ce malheur public, et imaginaient les stratagèmes les plus prudents : l’un émettait l’idée saugrenue de fabriquer des « femmes artificielles » qu’on ficherait sur des piquets à l’orée des bois fréquentés par la Bête. C’était très simple : un sac en peau de brebis pour simuler le corps, deux autres, plus allongés, représentant les jambes; le tout surmonté d’une vessie peinte en manière de visage et remplie d’éponges imbibées de sang frais, mêlées à des boyaux assaisonnés de poison, de façon à forcer la Bête vorace à avaler sa propre fin.

Un autre proposait d’élire vingt-cinq hommes intrépides, de les revêtir de peaux de lions, d’ours, de léopards, de cerfs, de biches, de veaux, de chèvres, de sangliers et de loups, avec un bonnet de carton garni de lames de couteaux : chacun de ces déguisés devait être porteur d’une petite boîte contenant douze onces de graisse de chrétien ou de chrétienne mêlée à du sang de vipère, et muni de trois balles carrées mordues par la dent d’une jeune fille… Un troisième avait inventé une machine infernale composée de trente fusils à la gâchette desquels trente cordes attachées devaient être mises en mouvement par les contorsions d’un veau de six mois se débattant à l’aspect de la Bête.

Tandis que les fantaisistes s’ingéniaient, celle-ci continuait ses ravages, et son audace semblait croître. Vers le 2 janvier 1765, elle déchira un enfant de quatorze ans, Jean Châteauneuf, de la paroisse de Crèzes. On célébra pour la victime un service à l’église du village, et le lendemain, au crépuscule, comme le père de Châteauneuf pleurait dans sa cuisine, la Bête vint le regarder par la fenêtre; elle posa ses pieds de devant sur l’appui de la croisée. Châteauneuf aurait pu la saisir par les pattes, mais il n’osa pas. Le 2 février, elle traversa au petit trot le village de Saint-Amant, à l’heure où les paysans assistaient à la grand-messe; elle espérait pénétrer dans quelque maison et y trouver des enfants, mais toutes les portes étaient bien fermées, et elle s’en alla, dépitée, après avoir fureté partout.

Alors, une grande chasse fut organisée : Duhamel donna l’ordre à soixante-treize paroisses; 20.000 hommes répondirent à son appel; les seigneurs de toute la région se mirent à la tête de leurs paysans; et cette formidable armée entre en campagne le 7 février. Le pays était couvert de neige; il fut facile de relever la piste de la Bête et de suivre sa trace. Cinq paysans du Malzieu la tirèrent : elle tomba en poussant un grand cri, mais se releva aussitôt et disparut… Comme, le lendemain, on trouva le corps d’une fillette de quatorze ans, dont elle avait, d’un coup de gueule, tranchée la tête, on fit de ce cadavre un appât, disposé en bonne place et entouré d’une ligne d’habiles tireurs bien cachés, mais la Bête se méfia et ne se montra plus.

Le découragement fut immense; ces chasses infructueuses, les exigences des dragons, les dépenses que leur séjour imposait aux habitants ruinaient le pays que la peur, au reste, paralysait au point qu’on n’osait plus mettre le bétail aux pâturages et que les marchés restaient déserts. Jamais si lamentable catastrophe n’avait frappé le Gévaudan, et nul ne pouvait prévoir la fin du fléau.

Il y avait alors en Normandie un vieux gentilhomme, nommé Denneval, dont la réputation de louvetier était grande. Il avait, en son existence, tué, assurait-il, douze cents loups; les exploits de la Bête du Gévaudan troublaient son sommeil : il entreprit le voyage de Versailles, parvint à se faire présenter au roi Louis XV, offrit ses services, qui furent acceptés. Il jura à Sa Majesté qu’il tuerait la Bête, la rapporterait empaillée à Versailles, afin que tous les seigneurs de la cour fussent témoins de son triomphe. Le roi lui souhaita bonne chance et Denneval se mit en route.

Le 19 février il arrivait à Saint-Flour avec son fils, deux piqueurs et six énormes dogues : pour ne point fatiguer leurs chiens, les Normands voyageaient à petites journées, ce dont la Bête profita pour dévorer – à raison d’un par jour, environ – une vingtaine d’enfants.

Denneval procéda avec une sage lenteur à ses préparatifs : il voulait étudier savamment l’insolite gibier qu’il se préparait à chasser. À le voir si méticuleux, les paysans trépignaient d’impatience; ils avaient repris confiance à l’annonce de cet homme providentiel envoyé par le roi, et ne doutaient pas que, du premier coup de mousqueton, il ne les débarrassât de la Bête. Mais lui ne se hâtait pas : il explorait prudemment le pays, relevait çà et là les passées du fauve, et constatait que chacun de ses bonds avait, en terrain plat, une longueur de vingt-huit pieds. Il en concluait que « cette Bête n’est nullement facile à avoir ». D’ailleurs, ses chiens étaient restés en route et il lui fallait les attendre avant de se mettre en chasse.

Et puis, il ne voulait pas de rival, et il fit comprendre qu’il ne tenterait rien si Duhamel et ses dragons ne se retiraient. Discussions, intrigues à ce sujet, le temps passait et la Bête ne jeûnait pas : le 4 mars, elle dévorait, à Ally, une femme de quarante ans ; le 8, au village de Fayet, elle mangeait une fille de vingt ans; le 11, dans un hangar, à Mallevieillette, elle déchirait en lambeaux une fillette de cinq ans; méfaits semblables le 12, le 13, le 14, et en des endroits si distants qu’on ne pouvait s’expliquer la rapidité de ses courses. Ce perpétuel vagabondage inspirait par toute la France tant de terreur que, certains accidents similaires s’étant produits aux environs de Soissons, on publia partout que la Bête du Gévaudan ravageait à la fois l’Auvergne et la Picardie !

Denneval, très calme, cependant, prétendait agir sans concurrents. Duhamel s’obstinait à ne point quitter la place…
Et la Bête mangeait le monde !

Il serait oiseux de détailler les disputes du Normand et du dragon; comme bien on pense, c’est le Normand qui l’emporta : Duhamel battit en retraite, avec ses soldats, et quitta le pays, fort dépité d’abandonner à son rival la victoire; car nul doute que maintenant, libre de ses mouvements, le terrible louvetier ne triompherait bientôt de la Bête. Hélas ! Durant trois mois, il lui donna la chasse sans l’atteindre; les 10.000 paysans qu’il avait mis sur pied ne réussirent qu’à tuer une pauvre louve, qui pesait à peine quarante livres, et dans le corps de laquelle on trouva quelques chiffons de linge et du poil de lièvre.

En vain Denneval se résolut-il à des expédients indignes de sa grande renommée; en vain empoisonna-t-il un cadavre qu’il exposa en manière de piège, aux environs d’un bois où la présence du monstre avait été signalée : celui-ci déchira le cadavre, en fit un bon repas, et ne parut pas s’en porter moins bien. Après dix semaines de battues et d’embuscades, après tant et tant de fusillades et de traquenards, il fallut bien convenir qu’il se moquait des gens, des balles et du poison. Les plus zélés chasseurs se décourageaient; Denneval se lamentait d’être mal secondé; les paysans riaient de lui et le déclaraient incapable de tuer le moindre lapin. Les esprits s’aigrissaient; le ton de la correspondance officielle, même, devenait acerbe, et l’on reprochait au Normand de trop ménager ses pas, sa peine et ses chiens.

Ce fut un beau temps pour la Bête. Elle se montrait journellement et ne se privait de rien. La liste de ses carnages est terrifiante : elle dévora, à la Clause, une première communiante, Gabrielle Peissier, dont elle arrangea si proprement la tête coupée, les vêtements et le chapeau, que lorsqu’on découvrit les restes de la fillette on la crut simplement endormie. Le 18 avril, elle tue un vacher de douze ans, le saigne comme aurait fait un boucher, mange ses joues, ses yeux, ses cuisses et lui disloque les genoux. À Ventuejols, elle égorge une femme de quarante ans, puis deux filles dont elle suce tout le sang et arrache le coeur…

Il n’est point de village dans le Gévaudan dont les registres de paroisse ne portent, dans cette période de printemps de 1765, maintes sinistres mentions de ce genre : « Acte de sépulture du corps de… mangé en partie par la Bête féroce… » Toujours aperçue, traquée, fusillée, poursuivie, empoisonnée, et aussi toujours affamée, elle reparaissait chaque jour et semblait s’amuser de la terreur qu’elle inspirait : on la voyait, de loin, s’embusquer auprès d’un buisson, s’asseoir sur son derrière, et gesticuler avec ses pattes de devant, comme pour narguer ses futures victimes.

Le bruit de ses exploits avait passé les mers; les Anglais, se sentant bien à l’abri dans leur île, se moquaient fort des terreurs du Gévaudan: une gazette de Londres annonçait plaisamment qu’une armée française de cent vingt mille hommes avait été défaite par cet animal féroce qui, après avoir dévoré vingt-cinq mille cavaliers et toute l’artillerie, s’était trouvé le lendemain vaincu par une chatte dont il avait mangé les petits.

C’en était trop : l’honneur du pays se trouvait en jeu, Louis XV, qui ne s’émouvait pas facilement, comprit qu’il fallait agir et donna l’ordre à son premier porte-arquebuse, M. Antoine de Bauterne, de se rendre immédiatement en Gévaudan et de lui rapporter à Versailles la dépouille du monstre. Cette fois, on fut rassuré : la Bête allait périr puisque tel était l’ordre de Sa Majesté.

Antoine, son fils, ses domestiques, ses gardes, ses valets et ses limiers, arrivèrent à Saugues le 22 juin. M. le porte-arquebuse commença par congédier Denneval; puis il réquisitionna des hommes de peine pour porter ses bagages et soigner ses chiens. Il agissait en grand seigneur, sûr de n’avoir pour vaincre qu’à paraître. Ce qu’ayant appris, la Bête lui porta un défi : le 4 juillet, en plein midi, elle enleva une vieille femme, Marguerite Oustalier, qui filait à la quenouille dans un champ voisin de Broussoles, et la laissa morte après lui avoir arraché la peau du visage.

En sa qualité de porte-arquebuse du roi, de lieutenant de ses chasses et de chevalier de Saint-Louis, Antoine voulut demeurer impassible; il organisa quelques reconnaissances qui ne donnèrent aucun résultat. Les paysans ne se gênaient pas pour dire qu’il coûtait plus cher et n’en faisait pas plus que les autres. Ce fut une bien autre surprise quand, après trois mois de tâtonnements et de ripailles, on le vit partir, avec tout son équipage, pour une partie de l’Auvergne où la présence de la Bête n’avait jamais été signalée. Il alla jusqu’au bois de l’abbaye de Chazes, où les loups étaient nombreux. Le 21 septembre, il se trouvait là, à l’affût, quand il vit venir à lui un animal de forte taille, la gueule ouverte et les yeux en sang. Nul doute : c’était la Bête ! Antoine tira : la Bête tomba ; elle avait reçu la balle dans l’oeil droit. Elle se releva pourtant, mais une seconde balle l’atteignit en plein corps; elle roula « raide morte« .

Antoine et tous ses gardes se précipitèrent : la Bête pesait cent trente livres ; elle mesurait cinq pieds sept pouces de longueur, avait des dents et des pieds énormes. C’était, d’ailleurs, un loup, un vulgaire loup, qu’on rapporta triomphalement à Saugues, où le chirurgien Boulanger procéda à l’autopsie. On convoqua sept ou huit enfants qui, naguère, avaient vu la Bête et qui, sévèrement interpellés par M. le porte-arquebuse, déclarèrent qu’ils la reconnaissaient. Du tout il fut dressé procès-verbal et M. de Ballainvilliers, intendant d’Auvergne, écrivit à Sa Majesté une lettre enthousiaste pour La remercier de ce qu’Elle avait daigné secourir Son bon peuple de Gévaudan. Le cadavre de la Bête, transporté sans délai à Clermont, fut empaillé et expédié à Fontainebleau, où se trouvait la cour : le roi rit beaucoup de la simplicité de ces bons paysans dont la superstition avait transformé un simple loup en une bête apocalyptique.

Néanmoins pour avoir à tout jamais débarrassé le royaume de ce cauchemar, Antoine fut nommé – ce qui paraît invraisemblable – grand-croix de l’ordre de Saint-Louis, et reçut mille livres de pension ; son fils obtint une compagnie de cavalerie, sans compter qu’il gagna une fortune en exhibant à Paris la Bête du Gévaudan ; dix ans plus tard, on la montrait encore dans les foires de Province. Elle était donc bien officiellement morte et l’on n’y pensa plus.

Il n’en était point de même en Gévaudan. Il se trouvait là des incrédules pour assurer, sauf respect, que M. Antoine n’était qu’un mystificateur ; que, du moins, par trop d’empressement d’obéir aux ordres du roi, il avait bien tué une bête, mais que ce n’était pas la Bête. Pourtant, celle-ci ne se montrait plus – par courtisanerie sans doute, car les bonnes gens assuraient qu’on la renverrait bientôt.

On la revit, en effet. Dès les premières neiges, elle enleva une fille de Marcillac, fit son second repas d’une femme de Sulianges dont elle ne laissa que les deux mains… Les curés, sur les registres paroissiaux, eurent, de nouveau, à transcrire : «J’ai enterré, dans le cimetière du village, les restes de… dévoré par la Bête féroce qui parcourt le pays.» Elle avait, en effet, repris ses courses vagabondes et, à compter du 1er janvier 1766, elle se montra tous les jours.

C’était bien elle ! On ne pouvait s’y tromper : comme jadis, elle enlevait quotidiennement un enfant ou une femme ; comme jadis, elle venait, le soir, dans les villages, poser ses pattes sur l’appui des fenêtres et regarder dans les cuisines. Et ce n’était pas un loup ; tout le Gévaudan l’aurait attesté sous serment : depuis deux ans, on avait tué dans la région cent cinquante-deux loups, et les paysans ne s’y trompaient pas.

Il y eut des faits tragiques extraordinaires. Deux petites filles de Lèbre jouaient devant la maison de leurs parents, quand la Bête, survenant, se jeta sur l’une d’elles et la saisit dans ses crocs. L’autre fillette, espérant défendre sa soeur, sauta sur le dos du monstre, s’y cramponna et se laissa emporter. À ses cris, les villageois accoururent… trop tard : la tête d’une des enfants était déjà séparée de son corps ; l’autre petite avait le visage en lambeaux. Un paysan, Pierre Blanc, lutta un jour avec la Bête durant trois heures consécutives. Quand ils étaient trop essoufflés, lui et elle se reposaient un peu, puis ils reprenaient le combat. Pierre Blanc la vit de près ; il affirma qu’elle se plantait sur ses pattes de derrière pour mieux allonger des coups de griffes, et qu’elle paraissait « toute boutonnée sous le ventre« .

Le Gévaudan suppliait qu’on lui vînt en aide ; mais ses lamentations restaient sans échos. L’intendant de la province ne voulait pas encourir la disgrâce, en réveillant une affaire que Versailles déclarait depuis longtemps terminée. Reparler de la Bête, c’eût été en quelque sorte désavouer le roi, ou, tout au moins, insinuer qu’on l’avait trompé. Risquer d’impatienter Sa Majesté pour quelques malheureux paysans de plus ou de moins, quel courtisan aurait eu cette audace? La Bête était morte. M. Antoine l’avait tuée, voilà qui était définitif : il n’y avait plus à y revenir.

Et toujours, toujours, la Bête mangeait le monde. Le 19 juin 1767, après un grand pèlerinage à Notre-Dame-des-Tours, où toutes les paroisses du pays se rendirent, le marquis d’Apcher, l’un des seigneurs du Gévaudan, organisa une battue ; au nombre des chasseurs se trouvait un rude homme, du nom de Jean Chastel. Il avait soixante ans, étant né vers le commencement du siècle, à Darmes, près de la Besseyres-Sainte-Mary. C’était un gars robuste et pieux, que toute la région estimait pour son honnêteté scrupuleuse et sa bonne conduite.

Jean Chastel se trouvait donc ce jour-là posté sur la Sogne-d’Auvert, près de Saugues. Il avait à la main son fusil, chargé de deux balles bénites ; il récitait ses litanies quand il vit venir à lui la Bête, « la vraie« . Tranquillement il ferme son livre de prières, le met dans sa poche, retire ses lunettes, les plie dans l’étui… La Bête ne bouge pas ; elle attend. Chastel épaule, vise, tire, la Bête reste immobile : les chiens accourent au bruit du coup de feu, la renversent, la déchirent… Elle est morte. Son corps, chargé sur un cheval, est aussitôt porté au château de Besques; là, on l’examine et c’est bien « la Bête », ce n’est pas un loup. Ses pattes, ses oreilles, l’énormité de sa gueule indiquent un monstre d’espèce inconnue; en l’ouvrant, on trouve dans ses entrailles l’os de l’épaule d’une jeune fille, sans doute celle qui, l’avant-veille, a été dévorée à Pébrac.

On promena la dépouille de la Bête dans tout le pays, puis on la mit dans une caisse et Jean Chastel partit, avec ce triomphal et encombrant colis, pour Versailles. Là ne manqueraient point les savants pour diagnostiquer quel pouvait être cet animal fantastique; on verrait bien que M. Antoine s’était joué du roi. Par malheur, le voyage s’effectua par les chaleurs d’août; à l’arrivée, la Bête était dans un tel état de putréfaction qu’on se hâta de l’enterrer sans que quiconque eût le courage de l’examiner. De sorte qu’on ne saura jamais, jamais ce qu’était la Bête de Gévaudan. Chastel, cependant, fut présenté au roi, qui se moqua de lui. Le brave homme soupçonna toujours qu’il était victime d’une intrigue de cour; il n’était pas de taille à protester; il courba le front, et revint au pays, où le receveur des tailles lui compta, pour toute gratification, soixante-douze livres.

Mais le Gévaudan fut moins ingrat que Versailles; Jean Chastel en devint le héros. Son nom, après un siècle et demi, y est connu de tous; un écrivain local lui consacra un poème épique qui ne compte pas moins de 360 pages et dont l’élaboration dura vingt ans; la mort du monstre y est pittoresquement contée : on y voit le hardi chasseur

Ajustant son fusil ; le coup part, et la bête
Vomit des flots de sang. Certain de sa conquête,
Voyant que tout effort, tout cri sont superflus,
Chastel s’écrie : Bête, tu n’en mangeras plus !

À la Sogne-d’Auvert – est-il nécessaire de l’ajouter? – certains assurent qu’au lieu même où a été tuée la Bête, « l’herbe ne vient pas plus haute une saison que l’autre » : elle y est, d’ailleurs, toujours rougeâtre, et aucun animal ne consent à brouter ce gazon maudit.

http://www.betedugevaudan.com/fr/index.html

 

Publié dans : Legendes | le 9 mars, 2011 |Pas de Commentaires »

Vampire

Le vampire est une créature mort-vivante qui, suivant différents folklores et selon la superstition populaire, se nourrit du sang des vivants afin d’en tirer sa force vitale. La légende du vampire puise ses origines dans des traditions mythologiques anciennes et diverses, et se retrouve dans toutes sortes de cultures à travers le monde.

Le personnage du vampire fut popularisé en Europe au début du XVIIIe siècle, plus précisément en Europe orientale, dans les Balkans. C’est en Serbie, vers 1725, que le mot « vampire » fait son apparition suite à un cas supposé, celui d’Arnold Paole. Selon les traditions locales, les vampires sont dépeints comme des revenants en linceul qui, visitant leurs aimées ou leurs proches, causent mort et désolation. Michael Ranft écrit un ouvrage, le De masticatione mortuorum in tumulis (1728) dans lequel il examine la croyance dans les vampires. Le revenant y est complètement, et pour la première fois, assimilé à un vampire, puisque Ranft utilise le terme slave de vampyri. Par la suite, le bénédictin lorrain Augustin Calmet décrit, dans son Traité sur les apparitions (1751), le vampire comme un « revenant en corps », le distinguant ainsi des revenants immatériels tels que les fantômes ou les esprits.

Diverses explications ont été avancées au fil du temps pour expliquer l’universalité du mythe du vampire, entre autres les phénomènes de décomposition des cadavres, les enfouissements vivants, des maladies telles que la tuberculose, la rage et la porphyrie, ou encore le vampirisme clinique affectant les tueurs en série qui consomment du sang humain. Des explications scientifiques, psychanalytiques ou encore sociologiques tentent de cerner la raison qui fait que le mythe du vampire a tant perduré à travers les siècles.

Le personnage charismatique et sophistiqué du vampire des fictions modernes est apparu avec la publication en 1819 du livre The Vampyre de John Polidori, dont le héros mort-vivant fut inspiré par Lord Byron, Polidori étant son médecin personnel. Le livre remporta un grand succès mais c’est surtout l’ouvrage de Bram Stoker paru en 1897, Dracula, qui reste la quintessence du genre, établissant une image du vampire toujours populaire de nos jours dans les ouvrages de fiction, même s’il est assez éloigné de ses ancêtres folkloriques avec lesquels il ne conserve que peu des spécificités originelles.

Avec le cinéma, le vampire moderne est devenu une figure incontournable, aussi bien dans le domaine de la littérature que de celui des jeux vidéo, des jeux de rôle, de l’animation ou encore de la bande dessinée. La croyance en ces créatures perdure et se poursuit aussi bien par le biais du folklore populaire que par celui de sous-cultures, notamment gothiques, qui s’y identifient.

Le mot attribué pour désigner les vampires varie d’une langue à l’autre, de même que les attributs et caractéristiques attachés à la créature. Selon l’Oxford English Dictionary, le mot « vampire » apparaît dans la langue anglaise en 1734, dans un ouvrage de voyage intitulé Travels of Three English Gentlemen, publié dans le Harleian Miscellany de 1745[1]. C’est par la langue anglaise qu’il se répand dans le monde, via la littérature puis le cinéma. Cependant, le terme anglais est originellement dérivé du mot français « vampyre », provenant lui-même de l’allemand « vampir »[D 1], introduit au XVIIIe siècle par la forme serbo-croate « вампир »/« vāmpῑr. »[2],[3],[4],[5],[6]. En France, le Nouveau Larousse illustré de 1900 est le premier dictionnaire à définir les vampires comme étant « des morts qui sortent de leur tombeau, de préférence la nuit, pour tourmenter les vivants, le plus souvent en les suçant au cou, d’autres fois en les serrant à la gorge au point de les étouffer[7] ». C’est, semble-t-il, Arnold Paole, un supposé vampire de Serbie, qui est le premier à être dénommé « vampire », terme apparu lors de l’annexion de la Serbie à l’Autriche. Après que Vienne a obtenu le contrôle du Nord de la Serbie et de l’Oltenie, par le traité de Passarowitz, en 1718, des rapports officiels évoquent des pratiques locales d’exhumation des corps et de meurtres de supposés vampires[D 1]. Ces rapports écrits, qui s’étalent de 1725 à 1732, connaissent un grand écho dans la presse d’alors[D 1]. C’est en effet la forme serbe qui est l’étymologie la plus courante des termes européens. Le vocable slave désignant les revenants a été par la suite systématiquement rendu par le mot « vampire »[A 1]. La forme lexicale serbe possède par ailleurs de nombreux équivalents au sein des langues slaves. Ainsi, en bulgare : « вампир » (« vampir »), en croate : « upir » /« upirina », en tchèque et slovaque : « upír », en polonais : « wąpierz », en ukrainien : « упир » (« upyr’ »), en russe : « упырь » (« upyr’ ») et en biélorusse : « упыр » (« upyr »). Le vocable existe aussi dans les langues ouraliennes comme le finnois  : « vampyyri ». Ces termes slaves et ouraliens utilisés proviendraient des langues turques ou plus généralement altaïques. En tatar par exemple l

Origine du mot << Vampire>>
L’étymologie exacte de cette première forme serbo-croate est cependant méconnue[8]. Parmi les formes appartenant aux langues proto-slaves, « ǫpyrь » et « ǫpirь »[9], semblent les étymons les plus probables. Une autre théorie propose que les termes slaves proviennent du mot tatar « ubyr » signifiant « sorcière ». Le vocable apparaît également en ancien russe, avec le mot « Упирь » (« Upir’ »), dans le calendrier byzantin de 1047[10]. C’est un colophon dans un manuscrit du Livre des Psaumes écrit par un prêtre qui l’a traduit du glagolitique en cyrillique pour le prince Volodymyr Yaroslavovych. Le prêtre écrit en effet que son nom est « Upir’ Likhyi » (« Оупирь Лихыи »), terme qui signifie « mauvais vampire »[11]. Ce nom étrange semble avoir survécu dans des pratiques païennes mais aussi dans des prénoms ou surnoms[12]. Un autre vocable provenant de l’ancien russe, « upyri », apparaît dans un traité anti-païen intitulé Mot de Saint Grégoire, daté entre les XIe et XIIIe siècles[13],[14]. Dans les Balkans, le féminin de « vampire » est « Vampiresa ». Le fils d’un vampire est nommé « Dhampir », et une fille de vampire est appelée une « Dhampiresa ». Dans le folklore bulgare, de nombreux termes tels que « Glog » (littéralement : « aubépine »), « vampirdzhiya », « vampirar », « dzhadadzhiya » et « svetocher » sont utilisés pour désigner les enfants et les descendants de vampires, ainsi que, à l’inverse, des personnes chassant les vampires[15].

Caractéristiques

Selon Claude Lecouteux, le mythe actuel du vampire est le résultat de « la stratification plus ou moins homogène » d’un grand nombre d’êtres et créatures surnaturels issus des divers folklores européens, en particulier slave. Cet auteur a identifié plusieurs types précurseurs des vampires, tour à tour des esprits, des démons ou des revenants, possédés ou non : l’« appeleur »[A 2], le « frappeur »[A 3], le « visiteur »[A 4], l’« affamé »[A 5], le « nonicide »[A 6], l’« appesart »[A 7], le « cauchemar »[A 8], l’« étrangleur »[A 9], le mâcheur[A 10] et enfin le revenant à forme animale[A 11]. Le bénédictin lorrain Augustin Calmet décrit, dans son Traité sur les apparitions (1751), le vampire comme un « revenant en corps », le distinguant ainsi des revenants immatériels tels que les fantômes ou les esprits[16].

Les descriptions de vampires évoluent d’un pays à l’autre et d’une époque à une autre, mais des traits généraux peuvent être identifiés. Cette créature mort-vivante est universellement connue pour se nourrir du sang des vivants dès la nuit tombée, afin d’en tirer la force vitale qui lui permet de rester[17] immortelle, ou plutôt non-soumise à la vieillesse[18]. D’autres éléments indissociables sont le cercueil dans lequel il se réfugie au lever du jour afin de trouver repos et protection[19],[Note 1], et le cimetière qui forme son lieu de prédilection et son territoire[20]. Il y pratique la « mastication » des linges enterrés avec lui. Dans de nombreuses légendes, le vampire se nourrit aussi d’excréments humains et de chair, y compris la sienne ; il pratique en effet l’automastication de sa chair et de ses vêtements, comme l’attestent plusieurs traités anciens relatant des histoires de linceuls retrouvés mâchonnés[21],[22]. Le vampire possède enfin des canines pointues (ou crocs), ces dents lui servent à mordre ses victimes (traditionnellement au cou et durant leur sommeil) pour les vider de leur sang[23]. L’apparence de la créature s’est construite au fil de ses apparitions dans les médias, par exemple, le port de la cape devenu indissociable de l’habillement du vampire est le résultat de l’esthétisme recherché au théâtre et au cinéma, afin d’en renforcer l’élégance et le côté inquiétant[24].

La figure moderne de la « vamp » est issue du mythe du vampire. Il s’agit d’une femme séduisante qui conduit l’homme à sa perte, souvent en lui volant son énergie vitale[A 12].

Transformation en Vampire

Les causes d’apparition des vampires varient beaucoup d’un folklore à un autre. Dans les traditions slaves et chinoises, un corps enjambé par un animal, particulièrement un chat ou un chien, peut devenir un mort-vivant[D 2],[A 13]. De même, un corps blessé et non traité au moyen d’eau bouillante peut devenir un vampire. Dans le folklore russe, les vampires passent pour être d’anciens sorciers ou des personnes s’étant rebellées contre l’église orthodoxe[25]. La croyance populaire veut que chaque personne mordue par un vampire finisse par devenir vampire à son tour[17].

En ce qui concerne la littérature et la culture populaire, le vampirisme est souvent présenté comme le résultat d’une malédiction, et le vampire peut choisir de transmettre celle-ci lorsqu’il mord une victime. S’ensuit la transformation (plus ou moins longue et douloureuse) de la victime, l’un des premiers signes étant l’allongement des canines[Note 2],[26].

Identification

 

Le vampire est universellement reconnu par sa physionomie surnaturelle. Selon le folklore populaire, il est le plus souvent dépeint comme gonflé et rougeaud, parfois violacé, ou de couleur sombre. Ces caractéristiques sont attribuées à la consommation régulière de sang. En effet, du sang suinte de leur bouche et leur nez lorsqu’ils prennent du repos dans leurs cercueils alors que leur œil gauche demeure ouvert[D 3]. À l’inverse, le vampire tel qu’il a été propagé par le cinéma, est blafard et pâle[18]. Le comte Dracula du roman de Bram Stoker, par exemple, apparaît d’abord comme un vieillard élégant, puis retrouve sa jeunesse au fil de ses absorptions de sang humain[27]. Le vampire est par ailleurs couvert du linceul avec lequel il a été enterré, alors que ses dents, ses cheveux et ses ongles peuvent avoir quelque peu poussé, bien que ses crocs ne soient généralement pas affectés[D 4].

Tombe ouverte Vampire dans Legendes magnify-clip Une tombe ouverte est un signe d’activité vampirique selon les folklores.L’identification d’un vampire comporte quatre étapes, correspondant aux phases de ses manifestations. Il s’agit de reconnaître des phénomènes bizarres dans un premier temps, en général des décès en cascade suspects. Lorsque plusieurs personnes dépérissent de manière étrange, à la manière d’une épidémie, le vampire est invoqué[A 14]. Dans La Famille du vourdalak de Tolstoï, il est dit que le « vampirisme est contagieux » et que des décès multiples en sont le signe. L’explication est d’ailleurs souvent celle de la maladie qui passait au Moyen Âge pour un signe d’activité vampirique ou de malédiction. Dès 1730, Jean Christophe Harenberg soutient que les vampires sont nés de l’imagination des malades, montrant que les signes du choléra mais aussi de la rage ou de la peste sont proches de ceux attribués aux vampires, comme le visage rubicond[A 15].

L’arrivée d’un étranger à la physionomie ou au profil étranges (claudication, denture de fer, incapacité à compter au-delà de trois, ancien métier exercé suspect – surtout ceux de boucher et de bottier) permet d’identifier un vampire. Chez les Slaves, les expressions « rouge comme un vampire » (« cervoni jak vesci ») et « gros comme un vampire » attestent de cette stigmatisation des étrangers à l’allure suspecte[A 16].

Les formes du décès sont le moyen d’identification le plus répandu. Si le corps du défunt est souple, son visage rougeâtre ou ses yeux ouverts (ou mi-clos), il passe pour un vampire potentiel[A 17]. L’identification du vampire est également permise par le repérage de sa tombe. Il existe ainsi un grand nombre de rituels destinés à les identifier : en Valachie, une méthode pour mettre au jour une tombe de vampire consiste à conduire un jeune enfant vierge monté sur un étalon lui aussi vierge, très souvent de couleur noire, excepté en Albanie où il est blanc[D 5]. Le cheval est censé marquer un changement d’attitude à l’approche de la tombe[25],[A 18]. Par ailleurs, des trous apparaissant dans la terre au-dessus d’une tombe sont pris pour des signes de vampirisme[D 6]. Les corps suspectés d’être ceux de vampires possèdent une apparence plus saine que prévue, mais ils présentent aussi plus de chair et moins de signes de décomposition[D 7]. Un corps non décomposé après quelques temps en terre suffit à faire accuser le mort d’être un vampire, particulièrement pour la religion orthodoxe où la non-putréfaction est considérée comme un signe d’activité démoniaque, par opposition à la religion catholique qui y voit une intervention divine ou une béatification[28]. De même, un corps nu signifie que le cadavre a dévoré son linge[A 19]. Le fossoyeur est par conséquent l’expert privilégié dans l’identification des vampires[A 20]. Dans quelques traditions, quand les tombes soupçonnées ont été ouvertes, les villageois ont souvent décrit le cadavre comme ayant du sang frais d’une victime partout sur son visage[D 8]. L’une des preuves d’une activité vampirique réside aussi dans la mort inexpliquée de bétail ou dans l’apparition de lueurs au-dessus de la tombe[A 21]. Enfin, on peut reconnaître le vampire par les manifestations qu’il provoque, proches de celles d’un esprit frappeur comme le poltergeist : chutes d’objets lourds au plafond, objets qui bougent ou cauchemars[B 1].

Facultés[modifier]

Portrait du vampire par Abraham Van Helsing
Il faut savoir que le nosferatu ne meurt pas, comme l’abeille, une fois qu’il a fait une victime. Au contraire, il n’en devient que plus fort ; et, plus fort, il n’en est que plus dangereux (…) Il se sert de la nécromancie, art qui, comme l’indique l’étymologie du mot, consiste à évoquer les morts pour deviner l’avenir, et tous les morts dont il peut approcher sont à ses ordres (…) Il peut, avec pourtant certaines réserves, apparaître où et quand il veut et sous l’une ou l’autre forme de son choix ; il a même le pouvoir, dans une certaine mesure, de se rendre maître des éléments : la tempête, le brouillard, le tonnerre, et de se faire obéir de créatures inférieures, telles que le rat, le hibou, la chauve-souris, la phalène, le renard et le loup ; il peut se faire grand et se rapetisser et, à certains moments, il disparaît exactement comme s’il n’existait plus[29].

Selon les mythes, légendes ou auteurs, le vampire dispose de forces ou de faiblesses différentes. Ainsi, dans le roman de Bram Stoker, les facultés de Dracula sont énumérées de façon précise par l’un des personnages, le docteur Abraham Van Helsing. Les films dans lesquels a joué Bela Lugosi ont développé l’idée que les vampires possèdent un pouvoir hypnotique et un don pour la séduction leur permettant, notamment, de séduire efficacement les femmes et de s’approcher plus facilement de leurs proies. Ces créatures pourraient également lire dans les pensées[18]. Le cinéma a pris de notables libertés par rapport aux modèles littéraires et folkloriques, en particulier concernant la nature et le mode de vie du vampire. Ainsi, par exemple, ceux-ci se voient affublés de canines exagérément démesurées et adoptent un comportement sensuel[E 1].

Le vampire de fiction devient plus puissant avec l’âge, ce qui lui offre une plus grande résistance aux lieux saints ou à l’eau bénite par exemple. Il est très fort et rapide, doté d’une excellente vision nocturne. Il possède souvent la faculté de se changer en animal (thériomorphie), il peut s’agir d’un animal quelconque, uniquement du loup ou de la chauve-souris selon les auteurs, mais aussi de brume[18],[Note 3].

Protection contre le vampire[modifier]

Ensemble d'objets anciens utilisés pour se protéger des vampires magnify-clip dans Legendes Ensemble d’objets anciens utilisés pour se protéger des vampires ou lutter contre eux, dont (à droite) les instruments de torture utilisés par les inquisiteurs pour faire avouer les personnes accusées de sorcellerie, lycanthropie ou vampirisme.Selon Claude Lecouteux, la protection contre les vampires s’effectue en trois moments différents : quand ils viennent de naître, lors de leur décès ou quelque temps après qu’ils ont rendu l’âme et sont donc devenus les hôtes d’un monde intermédiaire entre la vie et la mort[A 22]. Dans ce domaine, les traditions folkloriques se mêlent aux interprétations romanesques.

Précautions au décès et à l’inhumation[modifier]

Dans les folklores européens, la protection passe par des précautions lors du décès et de l’inhumation, la plus courante étant la décapitation[A 23]. Il est aussi nécessaire de protéger son habitation[A 24]. Plusieurs pratiques existent pour éviter qu’un mort ne revienne comme vampire, entre autres : enterrer le corps à l’envers, percer la peau de la poitrine (une façon de « dégonfler » le vampire dont le corps a gonflé), ou placer des objets comme une faux ou une faucille à ses côtés (la tradition impose d’enterrer des objets aiguisés avec le cadavre, afin qu’ils puissent pénétrer dans la peau si celui-ci se met à se transformer en revenant), ou de les placer à proximité de la tombe pour détourner les esprits[D 9],[D 10]. Il s’agit d’une pratique qui rappelle celle des anciens Grecs qui plaçaient une obole pour Charon aux côtés du corps. Cette coutume persiste encore au début du XXIe siècle à travers la figure du vrykolakas[30]. D’autres méthodes généralement pratiquées en Europe préconisent la coupe des tendons dans les genoux ou le placement de graines de pavot, de millet, ou de grains de sable sur le terrain alentour de la tombe d’un vampire présumé, et ce afin d’occuper la créature qui se voit obligée de compter les grains toute la nuit[D 11].

La décapitation est surtout préconisée en Allemagne et dans les pays slaves orientaux. Il s’agit alors ensuite d’enterrer la tête aux côtés du corps, entre ses jambes[D 12], afin d’accélérer le départ de l’âme et d’éviter ainsi la création d’un revenant. On peut aussi clouer la tête, le corps ou les vêtements du supposé vampire afin d’éviter qu’il ne se lève[D 13]. Les gitans pensent que transpercer d’acier ou d’aiguilles de fer le cœur du défunt, et placer dans ses yeux, ses oreilles et entre ses doigts, des morceaux de fer (ou d’aubépine) lors de l’enterrement évite qu’il ne devienne un vampire. En 2006, à Lazzaretto Nuovo près de Venise, le corps d’une femme datant du XVIe siècle a été découvert avec une brique dans la bouche, acte qui fut interprété par les archéologues comme un rituel destiné à l’empêcher de devenir vampire[31]. D’autres rituels utilisent de l’eau bouillante répandue sur la tombe ou l’incinération du corps. Dans le Duché de Saxe allemand, un citron était placé dans la bouche du supposé vampire (le Nachzehrer)[B 2].

Objets et lieux apotropaïques[modifier]

Les folklores évoquent surtout l’utilisation d’objets particuliers : il existe en effet plusieurs objets apotropaïques censés repousser les vampires, notamment l’ail[D 14], dont l’odeur l’indispose[18]. En fait, cette croyance peut s’expliquer par le fait que l’ail est un fluidifiant du sang. Un vampire qui mordrait quelqu’un ayant consommé de l’ail risquerait donc de tuer sa victime, celle-ci mourant d’hémorragie avant que le sang ait eu le temps de coaguler sur la blessure. Or les vampires préfèrent garder leur victime vivante quelque temps plutôt que la tuer immédiatement. Une branche de rosier sauvage ou d’aubépine passent également pour être des protections contre les vampires en Europe[32], tandis que des branches d’aloe vera dans le dos ou près de la porte sont utilisées en Amérique du Sud[33]. Asperger le sol de moutarde les éloigne également[32].

Les objets sacrés comme le crucifix, le rosaire ou l’eau bénite sont capables de les repousser ou de les blesser[18]. Les vampires ne pourraient pas marcher sur un sol consacré comme celui des églises ou des temples, ni même traverser l’eau courante[34]. Le miroir, dans lequel le vampire ne peut se refléter si on en croit le romancier Bram Stoker[35], est parfois un moyen de le repousser[36], mais ce rituel n’est pas universel. Dans la tradition grecque, par exemple, le Vrykolakas (ou Tympanios) possède un reflet et une ombre.

Le vampire est censé ne pouvoir entrer pour la première fois dans une habitation sans y avoir été invité par le propriétaire[36]. Bien qu’on considère que le vampire est plus actif la nuit, il est rarement considéré comme vulnérable à la lumière du jour, contrairement à la tradition cinématographique[35] où il ne supporte pas la lumière du soleil (mais n’est pas tué par elle)[18].

Des récits chinois déclarent que si un vampire découvre par hasard un sac de riz, il doit en compter chaque grain. C’est un thème existant également dans des mythes du sous-continent indien aussi bien que dans les contes sud-américains de sorcières et d’autres esprits malveillants[33]. Le vampire est obligé de compter toutes les graines d’un sac renversé devant lui, et de dénouer tous les nœuds qu’il croise, même si le jour arrive, et ne peut s’en détourner que lorsqu’il a fini de les compter[Note 4].

Destruction des vampires[modifier]

Lithographie Le Vampire par R. de Morain, pour la couverture du roman de Paul féval magnify-clip Le Vampire, lithographie par R. de Moraine pour le roman de Paul Féval.Les moyens pour détruire les vampires sont nombreux et variés[D 15]. La plus ancienne relation de mise à mort d’un vampire, alors appelée « sangsue », apparaît dans la Chronique de Guillaume de Newbury, au XIe siècle[A 25]. Le vampire étant un mort-vivant, il est déjà mort et ne peut connaître le repos éternel qu’au moyen de pratiques spéciales, entres autres un pieu dans le cœur, un clou dans la tête, une décapitation ou une crémation. La tradition populaire réclamait parfois les quatre à la fois[18], puis l’enterrement à l’angle d’un carrefour (avec plusieurs variantes). Le corps est parfois démembré, pratique qui est fréquemment évoquée depuis 1593 dans la littérature vampirologique[A 26]. En Roumanie, l’exécution d’un vampire est appelée la « grande réparation » et doit se dérouler aux premières lueurs de l’aube. L’officiant doit enfoncer d’un seul coup le pieu, faute de quoi le vampire peut ressusciter[E 2].

Les bois de frêne sont réputés efficaces pour détruire le vampire en Russie et dans les pays baltes. En Serbie, c’est plutôt l’aubépine[37] ou le chêne en Silésie[38]. Le vampire peut également être terrassé par un coup de pilum au cœur ou à travers la bouche en Russie et dans le Nord de l’Allemagne[39], ou dans le ventre dans le Nord-Est de la Serbie[40]. De manière générale, la mise à mort du vampire est entièrement ritualisée : « tuer le vampire est une action juridique, parfois précédée d’un procès où le mort est accusé de troubles et de meurtres »[A 27].

Les œuvres de fiction rapportent d’autres moyens. Abraham Van Helsing de Stoker affirme : « Quant au pieu que l’on enfonce dans son cœur, nous savons qu’il lui donne également le repos éternel, repos éternel qu’il connaît de même si on lui coupe la tête. Il ne se reflète pas non plus dans les miroirs et son corps ne fait pas d’ombre[41] ». Dans le premier film s’inspirant du roman, Nosferatu, Murnau n’indique qu’un seul moyen permettant d’éliminer le vampire : une femme au cœur pur doit faire oublier le lever du jour au comte. C’est de là qu’est née la croyance dans les effets nocifs des rayons du soleil sur les vampires, laquelle sera exploitée dans la plupart des films.

Liens avec le monde animal[modifier]

Une chauve-souris vampire du Pérou magnify-clip Une chauve-souris vampire du Pérou.Un certain nombre d’animaux sont en relation avec les vampires, notamment les chauves-souris vampires (Desmodontinae) qui, dès leur découverte au XVIe siècle en Amérique du Sud par Buffon, ont appartenu au folklore vampirique[42]. Bien qu’il n’y ait pas de chauves-souris vampires en Europe, elles ont souvent été associées à la figure du revenant suceur de sang[43],[44]. Le comte Dracula est ainsi capable de se transformer en chauve-souris, motif repris abondamment dans le cinéma d’horreur[43]. La scène de transformation se retrouve chez Lon Chaney, Jr. en 1943 dans le film Son of Dracula[45]. Un proverbe roumain veut que le Diable ait créé la chauve-souris, tandis qu’une légende du même pays rapporte que ces animaux sont maudits pour avoir mangé le pain béni de l’eucharistie[46]. Dans la tradition héraldique anglaise, la chauve-souris signifie la « conscience du pouvoir du chaos et des ténèbres »[47]. Cependant, les chauves-souris furent qualifiées de « vampires » en référence au mythe vampirique puisque le terme apparaît en 1774, soit près de 30 années après la création du mot selon l’Oxford English Dictionary. Cette appellation est par ailleurs exagérée car l’animal est incapable d’attaquer un être humain[43].

La sangsue[48], le moustique, la fourmi vampire de Madagascar (Adetomyrma venatrix)[49] et le pinson vampire (Geospiza nebulosa) se nourrissent de sang. Le Vampyroteuthis infernalis, surnommé « vampire des abysses », n’est pas nommé ainsi en raison de son régime alimentaire, mais parce que ce céphalopode possède des organes produisant de la lumière (photophores) sur tout son corps et une membrane de peau relie ses huit bras, chacun bordé de rangées d’épines charnues ou pointues, rappelant la cape du vampire[50].

En Chine, le chat peut cacher un vampire dans son pelage. Dans d’autres pays asiatiques et les Balkans, c’est le papillon qui peut s’avérer être vampire[49]. Dans le roman Dracula, le comte prend la forme du loup plusieurs fois, commande ces animaux et en libère un du zoo de Regent’s Park. D’après Estelle Valls de Gomis, le loup était chez le peuple ancêtre des Roumains, les Daces, un animal psychopompe chargé du transport des âmes entre le monde des vivants et celui des morts[51].

Créatures assimilées aux vampires[modifier]

Si le folklore d’Europe orientale et méridionale est le berceau du vampirisme[A 28], des créatures et croyances similaires se retrouvent partout dans le monde, aussi bien en Europe, leur berceau d’origine, qu’en Afrique, en Asie ou dans les Amériques.

En Europe[modifier]

En Grèce, et ce dès l’Antiquité, on nomme les personnes non inhumées en terre, qui se sont suicidées ou qui ont été excommuniées et qui reviennent hanter les vivants, des vrykolakas[E 3]. Le terme désigne dès le XVIe siècle des créatures proches des vampires, d’autant plus qu’il signifie en langue slavonne (sa langue d’emprunt) « loup-garou ». Chez les Slaves du Sud, en Polésie (Ruthénie noire), on parle d’« esprit-amant » (Dux-ljubovnik) dans le cas d’un mort qui prend la forme d’un vampire ou d’un serpent volant. En Pologne, le Latawiec suce le sang des femmes qu’il séduit alors qu’en Roumanie ce même esprit-amant, le Zburator, agresse les personnes dans leurs lits[A 29]. Dans le même pays, les strigoi sont généralement des cadavres ramenés à la vie à cause d’un animal qui a sauté par-dessus eux, mais ils peuvent être aussi des enfants illégitimes ou des changelins qui naissent avec une queue, ou alors des sorciers ayant pactisé avec le Diable[A 30]. Le vampire de la mythologie roumaine est nommé Nosferat ou Nosferatu ; il s’agit généralement d’enfants mort-nés issus d’un couple illégitime[52]. Les Dvoeduschniki slaves dissimulent leurs âmes sous une pierre et ils ne peuvent mourir tant que celle-ci s’y trouve[A 31]. Dans le folklore albanais, le Dhampir est le fils du Karkanxholl (ou Lugat). Il s’agit d’un revenant qui peut être soit un animal, soit un humain possédé durant son sommeil[53]. Le Dhampire est une créature mi-humaine et mi-vampire. Le mot « Dhampir » est associé au folklore des Roms ou des Balkans, dont les croyances ont été recueillies et décrites par T. P. Vukanović. Dans le reste de la région, des termes serbes tels que vampirovic’i, Vampijerović, Vampirić (Lampijerović en Bosnie), expressions qui signifient littéralement « fils de vampire », sont également utilisées[54]. Il existe de nombreuses autres appellations en Europe et les créatures vampiriques ne se limitent pas à la seule région des Balkans : le folklore germanique mentionne par exemple l’Alp, esprit vampire métamorphe se changeant en chien, en porc ou en serpent, alors que le folklore portugais évoque la Bruxas, un esprit à forme d’oiseau qui se nourrit du sang des enfants[49].

Articles détaillés : vrykolakas, strigoi et dhampire.

En Afrique[modifier]

Plusieurs cultures d’Afrique possèdent des récits de vampire : en Afrique de l’Ouest, le peuple Ashanti raconte qu’il existerait une créature aux dents de métal logeant dans les arbres nommée Asanbosam[B 3]. La tribu Ewe parle de l’Adze, créature maléfique qui peut prendre l’apparence d’une luciole et qui chasse les enfants[B 4]. Les Africains de la région à l’ouest du Cap parlent de l’Impundulu, créature qui peut se changer en un oiseau de large envergure pouvant invoquer la foudre et le tonnerre. Enfin, le peuple Betsileo de Madagascar raconte que le Ramanga boit le sang de ses victimes[B 5].

En Amérique[modifier]

Tombe de Mercy Brown magnify-clip Tombe de Mercy Brown, vampire supposé.Le Loogaroo est un vampire dont les traits sont l’amalgame de plusieurs figures proches originaires de diverses parties du monde. Combinant le vampire français et le culte vaudou, le mot Loogaroo provient semble-t-il du mot français « loup-garou », figure présente également dans la culture de l’île Maurice. La légende de cette créature se retrouve dans les îles des Caraïbes et en Louisiane aussi[B 6]. Un monstre féminin similaire existe : la Soucouyant de l’île de Trinité, mais aussi les Tunda et Patasola de Colombie ou chez les Mapuches. On peut citer aussi, pour le sud du Chili, la légende d’un serpent suçant le sang, le Peuchen[55]. La mythologie aztèque parle de Cihuateteo, des esprits de nouveau-nés morts à face de squelette, qui tuent les enfants et ont des relations sexuelles avec les vivants, les conduisant ensuite à la folie[25]. Durant la fin du XVIIIe et XIXe siècles, la croyance dans les vampires a envahi la Nouvelle-Angleterre, particulièrement à Rhode Island et dans l’Est du Connecticut. De nombreux documents parlent de familles évoquant des morts transformés en vampires. Les morts par tuberculose passaient pour revenir hanter les vivants[56]. Le cas de Mercy Brown, adolescente de 19 ans suspecté de vampirisme qui meurt en 1892 à Exeter (Rhode Island), est le plus célèbre des États-Unis de cette époque. Son père, assisté d’un médecin, sortit son corps de sa tombe deux mois après son décès, lui retira son cœur et le brûla complètement[57].

En Asie[modifier]

Un Nukekubi, vampire japonais consistant en une tête volante magnify-clip Un Nukekubi, vampire japonais consistant en une tête volante.La croyance en l’existence des vampires est fortement répandue en Asie, mais aussi en Inde. Le Bhūta ou Prét est ainsi l’âme d’un mort qui erre sur terre et qui attaque les vivants à la manière d’une goule[B 7]. Dans le Nord de l’Inde, le BrahmarākŞhasa est un vampire dont la tête est entourée d’intestins, et qui suce le sang des victimes. Il existe aussi des figures vampiriques au Japon, reprises par le cinéma national dès 1950[B 8], comme le Nukekubi (抜首, Nukekubi?, littéralement « cou qui se détache ») dont la tête peut se décrocher du corps et voler pour attaquer les vivants[58]. Les légendes concernant des vampires femelles (dont certaines parties du corps peuvent se détacher) existent également aux Philippines, en Malaisie et en Indonésie. Aux Philippines elles sont de deux sortes : la tribu Tagalog parle du Mandurugo (« suceur de sang ») alors que le peuple Visayan évoque le Manananggal (« qui peut se scinder de lui-même »). Le Mandurugo est une sorte d’Aswang qui prend la forme d’une jeune fille séduisante le jour et qui se transforme la nuit venue en une créature sans ombre, avec des ailes et une langue menaçante qui lui sert à sucer le sang des victimes durant leur sommeil. Le Manananggal peut aussi sucer le sang des fœtus à travers le ventre de la mère et dévorer les entrailles des personnes malades[59]. Le Penanggalan malaisien est une vieille ou jeune femme qui use de magie noire pour s’approprier ses victimes ; sa tête peut voler et attaquer les femmes enceintes[B 9]. Les Malaisiens utilisent des charbons pour l’empêcher d’entrer dans les demeures[60]. Le Leyak est une créature similaire du folklore de Bali[61]. D’autres figures vampiriques féminines existent : le Kuntilanak ou Matianak en Indonésie[B 10] et le Pontianak ou Langsuir en Malaysie[B 11]. Le Jiangshi (chinois simplifié :僵尸 ;chinois traditionnel :僵屍/殭屍 ;pinyin : jiāngshī ;littéralement : « corps raide ») est la figure du vampire chinois. Il attaque les vivants pour leur voler leur énergie vitale, le qi. Il s’agit de l’âme d’un humain (魄, ) qui n’est pas parvenue à quitter son corps mort[62]. Toutefois, la comparaison avec le vampire n’est pas évidente, car le Jiang shi n’a pas de pensées propres[63].

Articles détaillés : Jiangshi (zombi chinois), Nukekubi et Pontianak (folklore).

Histoire du vampire[modifier]

La figure du buveur de sang a toujours existé dans l’histoire[64], depuis les plus anciennes civilisations comme la mésopotamienne, l’hébraïque, la grecque et la romaine, mais le terme de vampire est récent et le mythe n’est réellement connu et propagé que depuis le XVIIIe siècle en Europe[65], avec la fixation écrite des traditions orales. Dans la majorité des cas, les vampires sont des revenants et des êtres maléfiques, soit victimes de suicides, soit résultat d’une possession du cadavre par un esprit malveillant. Plusieurs théories modernes font des phénomènes d’hystérie collective, d’enterrements prématurés ou de l’ignorance du processus de décomposition des cadavres, des causes expliquant la croyance dans le vampirisme, ainsi que les exécutions de vampires supposés[43]. Auparavant, on attribuait de tels phénomènes aux démons ou aux esprits, mais aussi au Diable[E 4].

Mythe du vampire et premières religions[modifier]

La déesse Lilith (1892), par John Collier magnify-clip Lilith (1892), par John Collier.La consommation de sang est souvent associée aux anciennes divinités. Ainsi, en Inde l’histoire des vetalas, sortes de goules résidant dans des corps, a été compilée dans le texte sacré du Baital Pachisi alors que le Kathasaritsagara raconte comment le roi Vikramâditya en a chassé et capturé une[66],[67]. Le Pishacha[B 12], esprit d’une personne mauvaise revenant hanter les vivants, possède certains attributs du vampire moderne. La déesse indienne Kâlî était supposée se nourrir de sang, entre autres celui du sacrifice[B 13],[68], ainsi que, dans l’Égypte antique, la déesse Sekhmet[E 5]. Le dieu phénicien Baal et la divinité inca Tezcatlipoca se voyaient offrir des jeunes filles et des enfants en sacrifice[68]. La civilisation perse est l’une des premières à évoquer le mythe de créatures buveuses de sang : il existe en effet des représentations de ces créatures sur des tessons de poterie[E 6]. La Bible comporte des références au vampirisme, Moïse défendant à son peuple d’invoquer les esprits afin que ces derniers ne puissent revenir à la vie, tandis que le roi David « absorbe » la chaleur de jeunes esclaves durant leur sommeil afin de reprendre des forces[17]. Les scythes buvaient le sang de leurs chevaux, les Huns répandaient le sang de leurs ennemis pour fertiliser la terre, et les rites magiques de plusieurs vieilles ethnies zouloues, amérindiennes et chinoises incluent l’appropriation de la force de l’ennemi par l’absorption de son sang[68]. Dans l’ancienne Babylonie et en Assyrie, le mythe de Lilith semble être la première histoire de vampire[69]. Il a été repris par la démonologie hébraïque sous le nom d’« לילי ». Redoutée et haïe, Lilith passait pour vampiriser le sang des nouveau-nés[69] et s’abreuver au corps des hommes[17].

Antiquité gréco-romaine[modifier]

180px-Lamiamyth magnify-clip Lamia vue par Herbert Draper (1909).Dans la Grèce et la Rome antiques, le vampire était nommé « empusa »[70], « lamia »[71] ou « stryge ». Avec le temps, les deux premiers termes finirent par s’appliquer à des démons et esprits. L’empusa était la fille de la déesse Hécate et passait pour sucer le sang des personnes endormies[70], alors que le lamia s’attaquait uniquement aux enfants dans leur sommeil, à la manière des gelloudes (ou gello)[71]. Les stryges s’attaquaient également aux enfants et ressemblaient à des créatures mi-homme mi-oiseau avides de sang[72]. Le mot romain pour vampire, « strigoi », dérive du mot « strix », qui existe encore en albanais (« Shtriga ») et en slave (« Strzyga »)[E 7]. Plusieurs femmes de la mythologie grecque partagent des caractéristiques vampiriques, telles Circé qui prépare des philtres à base de sang humain, et Médée un philtre rajeunissant à partir du même ingrédient[68]. En effet, en Grèce antique, les « ombres » et spectres du royaume d’Hadès sont friands du sang des victimes, pratique qu’évoque l’aède Homère dans son Odyssée[73]. Les Grecs craignaient l’errance de leur âme sur Terre s’ils n’étaient pas enterrés par leur famille ou leurs amis, car le repos définitif était permis par l’incinération seule, ce qui explique en partie le conflit concernant la sépulture refusée par Créon au cadavre de son neveu Polynice narré dans l’Antigone de Sophocle. Les philosophes Aristée, Platon et Démocrite soutenaient que l’âme peut demeurer auprès des morts privés de sépulture. Les âmes malheureuses et errantes se laissent alors attirer par l’odeur du sang selon Porphyre de Tyr[74]. Les devins se servaient alors de ces âmes pour deviner les secrets et les trésors. Ayant connaissance de leur présence, les hommes cherchèrent des moyens pour les apaiser ou les contrer. En Crète, selon Pausanias le Périégète, on enfonçait dans la tête de certains morts un clou. Le poète latin Ovide aussi parlera des vampires. Le poète grec Théocrite évoque aussi les empuses, spectres multiformes de la nuit pouvant se muer en monstres innommables ou en créatures de rêve, aussi appelées « démons de midi ». En l’an 217 de notre ère, Philostrate d’Athènes parle d’une empuse que démasque Apollonios de Thyane alors qu’elle a presque circonvenu Ménippe[A 32].

Dans l’Empire romain, le Jus Pontificum – le droit qui réglemente le culte et la religion – prescrit que les corps ne doivent pas être laissés sans sépulture. Les tombes devaient être protégées contre les voleurs, profanateurs et ennemis, qu’ils soient naturels ou surnaturels. Les violations étaient considérées comme sacrilèges et punies de mort. Lamia, une goule nécrophage, reine des succubes dévorant les fœtus et effrayant les enfants la nuit[75], est l’équivalent du vampire romain. De Lamia viennent les lamies, plus nécrophages que vampires, à la fois lascives, ondoyantes, serpentines, avides de stupre et de mort, aux pieds de cheval et aux yeux de dragon. Elles attiraient les hommes pour les dévorer et peuvent s’apparenter aux succubes qui se nourrissent de l’énergie vitale des hommes. Les stryges, démons femelles ailées et munies de serres, et les onosceles, démons aux pieds d’ânes qui s’attaquaient aux voyageurs égarés, partagent des caractéristiques similaires.

Du Moyen Âge à la Renaissance[modifier]

Une origine slave[modifier]

Carte de la Transylvanie magnify-clip Carte de la Transylvanie.La figure du vampire est originellement celle du revenant dans le folklore slave. Cette croyance date des âges pré-chrétiens et s’enracine dans des représentations païennes de la vie après la mort. En dépit du manque de documents slaves de la période pré-chrétienne, de nombreux cultes païens ont continué à être pratiqués et ont permis d’accéder à la croyance d’avant la christianisation. Les démons et les esprits ont une fonction importante dans la société slave pré-industrielle ; ils sont considérés comme tangibles et peuvent interagir avec les vivants. Certains aident les hommes alors que d’autres sont destructeurs et agressifs, tels le Domovoi, le Rusalka, le Vila, le Kikimora, le Poludnitsa et le Wodianoï. Ils sont des ancêtres ou des personnes décédées dans d’étranges et terribles conditions qui reviennent hanter les vivants. Ils peuvent apparaître sous des formes variées et provoquer toutes sortes de phénomènes, comme aspirer le sang et l’énergie vitale des hommes[76].

Selon la croyance slave, après la mort, l’âme persiste et peut évoluer sur la terre pendant 40 jours avant de rejoindre l’au-delà[76]. Pour cette raison, les Slaves doivent laisser ouverte une fenêtre ou une porte après un décès afin de laisser l’âme libre de mouvements. Elle est supposée avoir le pouvoir de réintégrer le corps ou de blesser les vivants. Des rites d’enterrements précis permettent d’éviter cette réintégration corporelle. Cependant, certaines morts violentes posent problème. Ainsi, la mort d’un enfant non baptisé, un décès subit, ou celui d’un pécheur non contrit (comme un sorcier ou un meurtrier) sont autant de cas où l’âme refuse de se détacher du corps. Elle peut aussi revenir dans son corps dans le cas de rituels d’enterrements mal menés. Il existe aussi une croyance selon laquelle un corps peut être possédé par une autre âme en peine, cherchant à se venger des vivants[77]. De toutes ses croyances dérive le concept slave de « vampir ». Manifestation d’une âme en peine possédant un corps en décomposition (le sien ou d’une autre personne), le vampir passe pour vouloir se venger des vivants en leur subtilisant leur sang et leur énergie vitale[D 16].

Le corpus vampirique[modifier]

Le château de Bran qui est souvent, à tort, associé au comte Dracula magnify-clip Le château de Bran qui est souvent, à tort, associé au comte Dracula.Dans l’Antiquité les revenants étaient considérés comme des démons mais c’est au XIe siècle qu’apparaissent pour la première fois des morts affamés. La Chronique des temps passés, ouvrage russe, rapporte l’attaque de morts pris par la faim et s’attaquant aux vivants en 1092, à Polotsk, en Biélorussie[A 33]. Au XIIe siècle, les vampires étaient censés être si nombreux en Angleterre qu’ils étaient brûlés pour calmer l’angoisse populaire. Plus tard, au XIVe siècle, Jean-Christophe Herenberg, dans Pensées philosophiques et chrétiennes sur les vampires, cite précisément deux cas en 1337 et 1347 dans lesquels les présumés coupables de vampirisme furent empalés et brûlés.

De même, au XVe siècle, les épidémies de peste sont l’occasion pour la population (surtout en Europe de l’Est) d’une frénésie anti-vampire[E 8]. En Moravie, l’évêque d’Olmütz, devant la multiplication des plaintes des villageois de la région, met sur pied des commissions d’enquêtes. Le premier cas de vampirisme attaché à un nom et étudié un tant soit peu est celui de Michael Casparek en 1718. Son cas fit l’objet d’une enquête officielle, dans son village de Liptov en Hongrie[78]. Très peu de données ont cependant pu parvenir jusqu’à nous, en dépit de quelques textes comme le témoignage scandinave de Saxo Grammaticus qui évoque, dans Gesta Danorum et dans la Saga d’Egil et d’Asmund le Tueur de Berserkir (début du XIIIe siècle), des morts affamés attaquant les vivants, qui ripostent en ouvrant leurs tombes, en leur coupant la tête et en les éventrant à l’aide d’un pieu[A 34]. L’Europe occidentale connaît également des cas de vampirisme, mais de façon plus sporadique qu’en Moldavie ou en Bulgarie. Le procès de Gilles de Rais en 1440 ravive cependant la peur du vampire[E 9]. Enfin, en 1484 le pape Innocent VIII, par la bulle Summis desiderantes affectibus reconnaît officiellement les morts-vivants et la démonologie[79]. La Réforme protestante, Luther en tête, parle de Nachzehrer, des « prédateurs » (ou « parasites » en allemand) qui sont d’anciens morts revenus à la vie[E 10].

La période médiévale est également riche en témoignages concernant les manducator, c’est-à-dire les mâcheurs, des revenants connus pour dévorer le linge enterré à leurs côtés et pour faire un bruit de mastication inquiétant. Le corpus les concernant est immense, s’étalant du XVe au XIXe siècle[A 35]. Selon Claude Lecouteux, ce type de revenant a fourni le fondement principal du mythe du vampire tel qu’il existe au XXIe siècle. Il semble aussi que ce phénomène soit presque toujours lié à une épidémie de peste[A 36]. Ces figures folkloriques ont même provoqué une interrogation théologique, de la part de Luther notamment qui, dans ses Propos de table, les considèrent comme des illusions diaboliques qu’il faut exorciser[A 37]. Le père jésuite Gabriel Rzaczynski en atteste la croyance en Pologne dans les années 1710-1720, le religieux s’inquiétant de l’accroissement de ces figures maléfiques, qu’il nomme les Uriels.

Vlad Tepes Dracul, l’empaleur[modifier]

Représentation tirée des chroniques de Brodoc, et montrant Vlad Ţepeş dînant devant des exécutions par empalement magnify-clip Représentation tirée des chroniques de Brodoc, et montrant Vlad Ţepeş dînant devant des exécutions par empalement.Vlad III Basarab, dit « Ţepeş » (« L’Empaleur » en roumain) ou encore « Drăculea » (Le latin draco a donné drac en roumain, désignant à la fois le dragon et le diable[E 11]) est désormais fortement associé au mythe du vampire. La source de la légende est une propagande lancée à l’époque contre le prince, qui pour être sanguinaire ne l’était pourtant pas davantage que ses détracteurs contemporains. Des luttes de pouvoir de l’époque, il nous reste ces écrits plus ou moins diffamatoires qui ont fait entrer Vlad III Basarab dans l’histoire : il aurait entre autres fait empaler 20 000 soldats turcs et dîné dans un charnier. Il reste connu dans l’imaginaire collectif sous le nom de Vlad L’Empaleur, et à sa mort, aurait été décapité afin que sa tête soit promenée au bout d’une pique dans toute la région. Ce prince de Valachie du XVe siècle, dont la réputation était sanguinaire, a inspiré Dracula, le roman de fiction de Bram Stoker, qui dépeint un vampire en Transylvanie et au Royaume-Uni au XIXe siècle. Les nombreuses reprises littéraires et cinématographiques ont fini par faire de Dracula un personnage de la culture populaire mondiale. Historiquement, Vlad était un prince chrétien orthodoxe membre de l’Ordre du dragon depuis l’adhésion de son père, Vlad II le Dragon, d’où le nom de Draco[80].

Élisabeth Báthory, la comtesse sanglante[modifier]

ortrait d'Élisabeth Báthory magnify-clip Portrait d’Élisabeth Báthory.Au XVIe siècle, la comtesse Élisabeth Báthory (ou Erzsébet) a grandement inspiré les légendes de vampires. Cette aristocrate hongroise qui a vécu aux XVIe et XVIIe siècles aurait torturé et tué un nombre incertain de jeunes filles. Des légendes prétendent qu’elle les tuait dans le but de se baigner dans le sang de ses victimes afin de rester éternellement jeune[81]. Toutefois, ces histoires ont été largement écartées par les historiens modernes, mais elles subsistent dans les croyances populaires[E 12]. D’après Jacques Sirgent, il s’agirait d’une rumeur propagée afin de lutter contre le pouvoir féminin[82]. Bien qu’elle ne présente aucun signe caractéristique des vampires (elle ne boit pas le sang), elle reste pour beaucoup l’incarnation du côté aristocratique du vampire, à l’inverse des autres témoignages qui, plus tard, porteront sur des paysans.

Premiers cas célèbres[modifier]

Le phénomène du vampirisme prend, dans la première moitié du XVIIIe siècle, une ampleur considérable, avec deux cas parmi les plus célèbres : ceux de Peter Plogojowitz et d’Arnold Paole, en Serbie. Le contexte social est déjà dominé par la peur du vampire. En effet, lors de l’épidémie de peste qui ravage la Prusse orientale, en 1710, les autorités mènent systématiquement des enquêtes sur les cas de vampirisme signalés, n’hésitant pas à ouvrir les tombes[E 13]. Le mot « vampire » (orthographié « vanpir ») apparaît ainsi pour la première fois en 1725, lorsqu’un rapport présente l’exhumation du récemment mort Peter Plogojowitz, un paysan serbe, cas qualifié par la suite de « vampire historique[E 14] ». Plogojowitz est mort à l’âge de 62 ans, mais il serait revenu hanter son fils pour avoir de la nourriture. Après que son fils a refusé de lui en donner, il est retrouvé mort le jour suivant ; d’autres morts suspectes conduisent à accuser l’esprit de Plogojowitz[D 17]. Ce cas est connu par un article daté du 31 juillet 1725, et repris par Michael Ranft dans son traité La Mastication des morts dans leurs tombeaux (De masticatione mortuorum in tumulis, 1728). Le revenant y est complètement, et pour la première fois, assimilé à un vampire, puisque Ranft utilise le terme slave de « vampyri »[A 38], terme qui sera repris dans toute l’Europe.

Le cas d’Arnold Paole, soldat et paysan autrichien mort en 1726, est également bien documenté. Il aurait été attaqué par un vampire et est mort en faisant les foins. Après sa mort, des proches meurent dans les environs, morts attribuées à l’esprit de Paole[D 18]. Il passe pour être à l’origine de deux épidémies de « vampirisme » dont la seconde, en janvier 1731, a fait l’objet d’un rapport circonstancié par le médecin militaire Johann Flückinger, généralement connu sous le titre de Visum et Repertum[E 15]. Ce rapport est abondamment discuté, en particulier par l’empereur d’Autriche Charles VI qui suit l’affaire. Il a aussi été traduit par Antoine Calmet, et a fait probablement couler encore plus d’encre que le cas Plogojowitz (pour les Serbes)[E 16].

Développement des récits de vampire aux XVIIe et XVIIIe siècles[modifier]

Les contes de vampires apparaissent très tôt, mais trouveront leur apogée lors des XVIIe et XVIIIe siècles, où les récits de vampires se font plus nombreux. En dépit du rationalisme naissant lors du siècle des Lumières, la croyance en les vampires, telle une épidémie, se répand dans tous les domaines[A 39]. Cependant de nombreux cas officiels ou prétendus réels, ont alimenté le mythe. La plupart des mythes concernant le vampire sont apparus au Moyen Âge. Au XIIe siècle les historiens anglais Walter Map et William de Newburgh ont compilé des témoignages concernant les revenants[43],[83] ; d’autres les ont suivis[84]. Il s’agit d’histoires similaires à celles qui traverseront l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles et qui seront embellies.

Peur des vampires à travers l’Europe[modifier]

L’un des plus anciens témoignages concernant les vampires provient d’Istrie, dans l’actuelle Croatie, en 1672[85]. Un supposé vampire, Jure Grando, habitant du village de Khring près de Tinjan, a causé la panique[86]. Giure est décédé en 1656, toutefois les habitants pensent qu’il revient sucer le sang et agresser sexuellement sa veuve. Le chef du village a ordonné de percer le cœur du cadavre à l’aide d’un pieu, mais les phénomènes ont persisté et le cadavre a été décapité avec de meilleurs résultats[87]. Le XVIIIe siècle est marqué par une chasse aux vampires dans toute l’Europe. Les rois et les ducs ont ordonné des traques pour identifier et tuer les supposés vampires[D 17]. En dépit des Lumières, la croyance dans les vampires s’accentue, confinant parfois à des hystéries de masse à travers toute l’Europe[43]. La panique principale débute dans la Russie de l’Est en 1721, par une éruption d’attaques de vampires présumés. Une autre panique collective touche la monarchie des Habsbourg autrichienne de 1725 à 1734, puis s’étend à d’autres pays.

Enfin, une autre légende serbe concerne Sava Savanović supposé hanter un moulin à eau et sucer le sang des meuniers. L’écrivain serbe Milovan Glišić en fait un roman fantastique, repris ensuite en 1973 dans le film d’horreur Leptirica. Ces derniers incidents sont bien documentés, y compris par les autorités locales, et les récits des événements sont souvent publiés à travers l’Europe[D 18]. Les hystéries sont sans doute aggravées par les épidémies touchant alors le Vieux Continent, en particulier la rage, et par les rumeurs aussi.

Traités de vampirologie[modifier]

Première page du Tractat von dem Kauen und Schmatzen der Todten in Gräbern (1734), ouvrage de vampirologie de Michael Ranft magnify-clip La première page du Tractat von dem Kauen und Schmatzen der Todten in Gräbern (1734), ouvrage de vampirologie de Michael Ranft.Dès 1679, Philippe Rohr consacre une dissertation aux morts qui mâchent leurs linceuls dans leurs tombes, sujet repris par la suite par Otto en 1732, puis par Michael Ranft en 1734[E 17]. Ce dernier distingue des liens entre vampirisme et cauchemar et considère que les cas de vampirisme sont des illusions de l’imagination alors qu’en 1732 un anonyme qui se fait appeler « le médecin de Weimar » discute de la non-putréfaction de ces créatures, d’un point de vue théologique[A 40]. En 1733, Johann Christoph Harenberg écrit un traité général sur le vampirisme puis le marquis Boyer d’Argens commente des cas locaux. Des théologiens et hommes d’église se penchent également sur le sujet[E 18].

Antoine Augustine Calmet, un théologien français, écrit un traité de vampirologie en 1746, Traité sur les apparitions. Il y fait la synthèse des études sur le sujet et considère que le vampirisme est la conséquence de la sous-alimentation des peuples balkaniques[A 41]. Calmet a amassé de nombreux rapports concernant les manifestations de vampires. Il est critiqué par Voltaire[88],[E 19] qui, dans son Dictionnaire philosophique explique : « Calmet enfin devint leur historiographe, et traita les vampires comme il avait traité l’ancien et le nouveau Testament, en rapportant fidèlement tout ce qui avait été dit avant lui[89]. »

La controverse cesse lorsque Marie Thérèse d’Autriche envoie ses médecins personnels, Johannes Gasser et Christian Vabst, pour enquêter sur le cas de vampirisme supposé de Rosina Polakin dont le cadavre est exhumé à Hermersdorf, en 1755. Ils concluent que ceux-ci n’existent pas, et, suite à cette déclaration, une loi interdit l’ouverture des tombes pour chasser les vampires. En dépit de cette loi, la croyance dans les vampires a perduré dans les folklores[88],[A 42]. Selon Claude Lecouteux, les Encyclopédistes ont aussi joué un rôle important dans la diffusion du mythe du vampire, notamment Collin de Plancy qui, en 1863, dans son Dictionnaire infernal, contribue à diffuser et à accréditer la croyance[A 43].

Période contemporaine[modifier]

Gravure de l'ouvrage de Collin de Plancy : Histoire des vampires et des spectres malfaisans avec un examen du vampirisme, 1820 magnify-clip Gravure de l’ouvrage de Collin de Plancy : Histoire des vampires et des spectres malfaisans avec un examen du vampirisme (Masson, Paris, 1820).Le mythe du vampire réapparaît, aux XIXe et XXe siècles, à travers le roman, la bande dessinée et le cinéma, sous la forme de personnages charismatiques et doués de séduction[D 19], mais aussi dans les croyances populaires. Par exemple, au début des années 1970, la presse locale anglaise diffuse la rumeur selon laquelle un vampire hanterait le cimetière d’Highgate, à Londres. Des chasseurs de vampires amateurs envahissent alors les lieux et plusieurs livres réutilisent l’événement, dont celui de Sean Manchester, le premier à avoir évoqué le « vampire d’Highgate (en) » et qui ensuite prétendra en avoir exorcisé un et détruit un cercle de vampires[90]. Des événements mettant en scène des vampires proviennent également des autres continents. Ainsi, une rumeur évoquant l’attaque de vampires court au Malawi de fin 2002 à début 2003, rumeur qui se fonde sur la croyance que le gouvernement d’alors aurait été en collusion avec des vampires[91].

L’imaginaire collectif moderne ne représente plus le vampire seul. Le terme de « coven », mot écossais signifiant originairement tout rassemblement de personnes et en particulier des sorcières, est ainsi utilisé pour désigner les vampires comme collectivités. Son origine proviendrait du mouvement de sorcellerie moderne Wicca et il a été réutilisé par l’écrivain Anne Rice. On peut aussi parler des « maisons » de vampires[92] ou de « caves » à vampires[93], qui ont existé en Allemagne médiévale sous le nom de Nobiskrug, désignant des auberges dans lesquelles les revenants dépensent l’argent que les vivants ont placé dans leur tombe ou dans leur bouche en les ensevelissant[A 44].

Persistance des croyances et vampirisme moderne[modifier]

Membres du mouvement gothique magnify-clip Bon nombre de membres du mouvement gothique sont fascinés par le mythe du vampire. Vue d'ensemble du Musée des vampires, à Paris magnify-clip Vue d’ensemble du Musée des vampires situé dans la commune française Les Lilas.Certaines sociétés secrètes continuent à faire perdurer la croyance aux vampires, dans la continuité des enseignements d’Aleister Crowley[94] ou d’Anton LaVey notamment. Les adeptes de la sous-culture du gothique montrent une fascination pour la figure du vampire[95] et le style de vie vampire (Vampire lifestyle) est un terme contemporain désignant une sous-culture dite gothique dont les membres consomment du sang, visionnent des films d’horreur, lisent les romans d’Anne Rice et apprécient le style victorien[96]. Les plus extrêmes mélangent diverses formes de vampirisme : la traditionnelle (sanguine vampirism), la psychique et la symbolique hindouiste, à travers le concept d’énergie de prana[97]. Enfin, des admirateurs modernes des vampires se font appeler les « sanguinariens » (Sanguinarians)[98].

Les sociétés anti-vampires sont encore actives en 2010[43], de même que les centres de recherches consacrés au vampirisme, dont un qui a mis au point un « sérum antivampires » en 1994[99]. Rien qu’aux États-Unis, il y aurait une cinquantaine de fan clubs de ces créatures forts de plus de 50 000 membres, dont plus de 750 personnes s’identifiant comme des vampires en 1996[100]. La croyance dans les vampires se maintient en Roumanie, durant février 2004, à propos du cas de Toma Petre qui serait devenu un vampire. Son corps a été extrait du cercueil, découpé puis incinéré. Les cendres ont été mélangées à l’eau et bues[101]. Toutefois, les cas de vampirisme aux XIXe et XXe siècles sont rares, la pensée rationnelle triomphante faisant reculer le mythe[E 20]. En 2006, deux professeurs de physique de l’University of Central Florida, C. J. Efthimiou et S. Gandhi, écrivent un article dans lequel ils montrent qu’il est mathématiquement impossible que les vampires existent, se basant sur une progression géométrique. Selon eux, si le premier vampire était apparu le 1er janvier 1600 et s’il devait se nourrir au moins une fois par mois (ce qui est beaucoup moins que ce qui est évoqué dans les différents folklores), et si chacune de ses victimes devient à son tour un vampire, alors, en l’espace de deux ans et demi, la moitié de la population humaine serait transformée en vampires[102].

Cryptozoologie[modifier]

Un cas de vampirisme renommé est celui de la créature appelée chupacabra (« suceur de chèvres » en espagnol) de Puerto Rico et Mexico, réputée se nourrir du sang des animaux domestiqués et qui a déclenché une hystérie collective souvent corrélée aux problèmes économiques, particulièrement dans le milieu des années 1990[103]. Une autre créature proche du Chupacabra, le « Moca Vampire », habillée de plumes, a décimé des cheptels de bétail à Puerto Rico, en 1975, et s’est même attaquée à un homme[104]. En Caroline du Nord, à Bolivia, la « bête de Bladenboro » s’en est pris également au bétail en 1954[105],[106].

Criminologie[modifier]

Photographies du tueur en série Peter Kürten magnify-clip Photographies du tueur en série Peter Kürten, dit « le vampire ».Quelques affaires et un certain nombre de crimes en série, réels ou supposés, sont en relation avec le mythe du vampire. Ainsi, les tueurs en série Peter Kürten et Richard Chase ont été surnommés des « vampires » par les tabloids après qu’on a découvert qu’ils buvaient le sang de leurs victimes. En 1932, à Stockholm, un meurtrier non identifié s’est fait appeler le « vampire tueur » en raison des circonstances du crime[107]. Début 1962, à Venise, le vampire de Mirano, en réalité un peintre connu, s’attaque à des femmes pour les mordre au cou[108]. En septembre 1970, le corps d’un berger de l’Estrémadure est découvert mutilé et vidé de son sang[109] et en 1983, un homme de 39 ans atteint de troubles psychiatriques s’est attaqué à un chien pour aspirer son sang, à Vaison-la-Romaine, France[110]. En 1996, une jeune femme qui enquête sur des disparitions de sang dans les hôpitaux de New York a évoqué un « réseau Dracula » avant de disparaître[99]. À Anglesey en 2002, un jeune marginal de 17 ans a poignardé une nonagénaire, lui a arraché le cœur et l’a déposé sur un plateau d’argent, avant de faire cuire le sang de sa victime et de le boire, persuadé que ces actes le rendraient immortel et le changeraient en vampire[111]. En janvier 2005, une rumeur parle d’un vampire ayant mordu des personnes à Birmingham en Angleterre. La police statue qu’aucun crime de ce genre n’a été commis et que cette histoire s’apparente à une légende urbaine[112]. Bien réel est en revanche le tueur brésilien surnommé « Corumba le Vampire », dont l’arrestation survient en 2005 : il a tué six femmes avant de boire leur sang, disant agir sous les ordres du démon et par ailleurs il sortait uniquement de nuit[113]. Des affaires similaires sont mentionnées un peu partout dans le monde, aussi bien en Lettonie qu’en Roumanie ou au Pérou[114].

Explications du vampirisme[modifier]

Plusieurs causes rationnelles peuvent expliquer de nombreux cas de supposés vampirisme ou ont pu alimenter les fictions les concernant. Différentes pathologies longtemps inexpliquées ont pu contribuer à l’édification des légendes concernant les vampires et dessiner leurs spécificités. Des phénomènes physiques ont également été mis en avant pour expliquer les étrangetés du vampirisme supposé.

Phénomènes de décomposition, conservation des corps[modifier]

Selon Paul Barber, dans Vampires, Burial and Death, la croyance dans les vampires est née dans les cultures pré-industrielles afin de donner sens à des phénomènes étranges mais scientifiquement explicables liés au processus de décomposition des cadavres[D 20]. Plusieurs signes de décomposition étaient en effet pris comme des marques de vampirisme[115]. Les phénomènes gazeux ou de changements de couleurs de l’épiderme, comme la lividité cadavérique survenant lors de la décomposition du corps, sont ainsi autant de manifestations d’une activité surnaturelle pour ces cultures. Ainsi, dans le cas d’Arnold Paole, la couleur vive qui teintait le visage d’une morte exhumée a été prise comme un signe de vie post-mortem[D 21]. Le sang suintant est souvent considéré comme une activité vampirique remarque Paul Barber[D 22], ainsi que l’assombrissement de la peau[D 23]. La marque de gonflement du corps lors de sa décomposition, résultat de l’accumulation des gaz organiques, produit un son semblable à celui d’un gémissement. Il en est de même lorsque ces gaz font vibrer les cordes vocales ou provoquent des flatulences par l’anus. Ainsi, dans le rapport du cas Peter Plogojowitz, l’officier mandaté parle de divers signes semblables[D 24]. Après la mort, la dilatation des fluides provoque également l’explosion des racines des cheveux, donnant l’impression que ces derniers continuent à pousser. La morphologie de la peau et du nez se modifie par ailleurs, ce qui peut être interprété comme une régénération de ces parties du corps[D 24].

Les cas les plus célèbres de vampirisme sont signalés en terre orthodoxe, où certains cas de non-putréfaction, ceux notamment d’excommuniés, est signe diabolique (au contraire du catholicisme qui la considère comme un signe divin).

Enterrement prématuré, profanations des tombes[modifier]

220px-Wiertz_burial magnify-clip L’inhumation précipitée, d’Antoine Wiertz (1854). Article connexe : Enfouissement vivant.Le mythe du vampire a longtemps été expliqué comme étant le résultat d’enterrements prématurés de personnes encore vivantes. Les croyances évoquent en effet des sons provenant des cercueils. De même, les mutilations au nez, à la tête et au visage, lors des exhumations de corps, sont considérées comme de l’autophagie de la part du vampire[116]. Selon Paul Barber, cette explication est peu crédible car en l’absence d’air et de nourriture, les personnes enterrées vivantes ne peuvent avoir une activité suffisante pouvant être ensuite interprétée comme du vampirisme, et les sons émis par les gaz lors de la décomposition peuvent l’expliquer davantage[D 25]. Une autre explication est celle de la profanation des tombes[D 26]. D’autres éléments ont pu alimenter les légendes tels des enterrements accidentels ou les cadavres bien préservés dans des terres riches en arsenic, qui favorise leur conservation.

Contagions, maladies et épidémies[modifier]

Le folklore vampirique est souvent associé à des épidémies étranges ou inexpliquées, notamment au sein des petites communautés[56]. L’explication épidémiologique est présente dans les cas de Peter Plogojowitz, d’Arnold Paole et également dans le cas de Mercy Brown. La tuberculose est souvent prise pour être la maladie génératrice de vampirisme car, à l’instar de la forme pneumonique de la peste bubonique, elle associe divers symptômes (sons produits par l’affaissement des tissus des poumons et effusion de sang sur les lèvres) passant pour vampiriques[D 27]. La tuberculose possède en effet un mode de propagation qui ressemble beaucoup à certains récits de vampirisme. D’autres pathologies proches possèdent des symptômes pris pour du vampirisme, telles le lupus erythematosus, la catalepsie ou encore la porphyrie, déficit d’une des enzymes intervenant dans la dégradation de l’hémoglobine qui peut entraîner un rougissement de l’urine après exposition à la lumière ou se traduire par une hyperpilosité. On peut citer également la xeroderma pigmentosum. Les individus atteints ne peuvent s’exposer aux rayons solaires, sous peine de voir apparaître de graves lésions au niveau de la peau ; la peau acquiert aussi une couleur très pâle du fait d’un bronzage totalement inexistant.

Rage[modifier]

Cellules sanguines magnify-clip Les infections diverses du sang permettent de donner un crédit scientifique au fait vampirique.La rage a été évoquée pour expliquer le mythe du vampire, car elle présente de fortes similitudes dans les symptômes et les comportements de ceux qui en sont atteints : chez les animaux, comportement agressif notamment par la morsure, hyperesthésie (sensibilité excessive des sens, à la lumière ou aux odeurs, par exemple), alors que chez les hommes, teint pâle (l’hypersensibilité à la lumière empêchant de sortir au soleil), hydrophobie (due à une hypersensibilité à l’eau)… En outre de ces symptômes qui suggèrent des similitudes avec les légendes sur le vampirisme, la rage se propage entre autres par la morsure d’animaux, notamment de chauves-souris vampires. Enfin, une épidémie de rage a sévi en Europe de l’Est au moment de l’apparition des premiers récits de vampires. Juan Gómez-Alonso, neurologue au Xeral Hospital de Vigo en Espagne, a montré que l’hypersensibilité à l’ail et à la lumière sont des symptômes rabiques. La maladie peut aussi provoquer des atteintes cérébrales qui perturbent les cycles du sommeil et entraînent une hypersexualité. Enfin la rage pousse le malade à mordre ses congénères[117] et à avoir un filet de sang à la bouche[118].

Porphyrie[modifier]

Article connexe : Porphyrie.En 1985, le biochimiste David Dolphin propose une explication du folklore vampirique au moyen de la porphyrie. Notant que la maladie peut être traitée par l’injection intraveineuse de molécules d’hème, il a suggéré que la consommation de grandes quantités de sang par des personnes supposées vampires s’explique par un besoin d’équilibrer leur métabolisme. Ainsi, les vampires seraient les victimes de porphyrie cherchant à combler leurs déficits en hème, afin de soulager leurs symptômes, en buvant du sang[119]. La théorie de Dolphin a été récusée scientifiquement[D 28]. Cependant, sa conception explique aussi l’hypersensibilité des malades à la lumière du soleil mais Dolphin a renoncé à aller plus loin dans son hypothèse[120]. En dépit de son manque de rigueur scientifique, la théorie de Dolphin a eu un fort retentissement médiatique[121] et est entrée dans la croyance moderne[122].

Explications psychiatriques[modifier]

Une pathologie rare appelée « vampirisme clinique » ou « syndrome de Renfield » (ainsi nommé en référence au personnage homonyme du roman Dracula[123]) est un comportement qui consiste en l’ingestion de sang, humain ou animal. Elle naît généralement de l’ingestion accidentelle de son propre sang durant l’enfance (à la suite d’une blessure par exemple) et peut mener à la zoophagie puis au vampirisme sur des êtres humains. Ce comportement est le symptôme d’une affection psychiatrique qui conduit à un ensemble de pratiques déviantes, telles la nécrophagie, la nécrophilie et le nécrosadisme[124], et un certain nombre d’affaires criminelles y sont liées[107],[125]. Selon le psychiatre Richard Noll, la représentation du sang est liée, dans cette maladie, à la croyance en des pouvoirs mystiques ou surnaturels qui peuvent expliquer les folklores autour du vampire et qui rattachent ces symptômes à la schizophrénie[126]. Selon la psychiatrie moderne, ces types de déviants sont des pervers narcissiques, figure que symbolise au mieux le mythe du vampire. Toutefois, l’absorption de sang ne relève pas forcément de la psychopathologie : jusqu’au début du XXe siècle en France, les médecins conseillent en effet aux anémiques de boire du sang frais, par exemple celui recueilli dans les abattoirs[68].

Psychanalyse et symbolique du vampire[modifier]

Déguisement de vampire moderne montrant bien les crocs proéminents magnify-clip Déguisement de vampire moderne montrant bien les crocs proéminents.Pour Brice Guérin, le vampire symbolise la lutte manichéenne du Bien avec le Mal[127],[128] et Dracula peut être vu comme un avatar de l’Antéchrist[129]. En 1931, dans son essai de psychanalyse intitulé Le Cauchemar, Ernest Jones relève que le vampire est un symbole des pulsions inconscientes et de défense psychique. Le mythe a à voir avec les désirs infantiles pour le psychanalyste, en particulier des désirs incestueux vis-à-vis du mort[130]. La peur du revenant est la peur des vivants de voir certains contenus inconscients refoulés revenir à la conscience, ce qui explique selon Jones pourquoi le vampire revient souvent hanter des proches parents[131]. Cette « collusion du vampire avec le cauchemar » révélée par Jones, est bien illustrée par les figures folkloriques de la Mora tchèque et de l’Alp allemand, du Ludak lapon ou du Malong malais aussi, autant d’entités cauchemardesques qui sucent le sang des victimes endormies[A 45].

Selon Freud, la répression est liée au développement de pulsions morbides[132]. Le désir de sucer le sang peut être assimilé à du cannibalisme souvent représenté dans le folklore par la figure de l’incube, proche de celle du vampire[133]. Jones pense ainsi que lorsque certaines pulsions sont réprimées, la régression s’exprime par du sadisme, notamment au stade anal[134]. Le vampirisme est également en relation étroite avec la sexualité selon Jean Markale[135], qui pense que le rapport entre le vampire et sa victime ne peut s’exprimer qu’au travers d’une attirance amoureuse. Comme le font remarquer beaucoup d’auteurs, le folklore vampirique (dents rétractiles, baiser qui devient morsure, etc.) est une métaphore de l’acte sexuel ou, selon Jacques Lacan, du désir de succion de la mère[136], et le fait d’être séduit par le vampire s’apparente symboliquement à un viol[137] puisque les canines pointues, caractéristiques du vampire moderne, permettent de transpercer la peau de la victime tout comme le sexe permet de la déflorer lors d’un viol. Les canines, qui se mettent à pousser chez la personne atteinte de vampirisme selon la croyance populaire, sont un symbole phallique universel, mais aussi la première marque d’agressivité : les dents qui se mettent à pousser chez l’enfant lui permettent pour la première fois de provoquer la douleur en mordant[138].

La récurrence du mythe du vampire en fait un symbole immémorial de la psyché humaine selon Carl Jung et Joseph Campbell. Symbole de la part de soi dissimulée (l’Ombre), le vampire est aussi une tentative d’explication des processus psychiques survenant dans les sociétés peu développées[139]. Le vampire peut aussi être une métaphore des secrets de famille, notamment de ceux violents qui, comme l’inceste ou l’abandon, peuvent handicaper le développement psychique du sujet[140].

Interprétations politiques[modifier]

Cartoon politique présentant les propriétaires terriens de San Francisco comme des vampires, en 1882 magnify-clip Cartoon politique présentant les propriétaires terriens de San Francisco comme des vampires, en 1882.La réutilisation du mythe du vampire au XXe siècle n’est pas sans connotations politiques et idéologiques[141]. Le comte Dracula, figure de l’aristocrate, peut ainsi être interprété comme le symbole de l’Ancien régime. Le cinéaste français Werner Herzog utilise cette allusion dans son film Nosferatu, fantôme de la nuit, à travers le personnage de Jonathan Harker, jeune bourgeois qui devient un vampire après avoir été mordu, remplaçant ainsi le parasitisme social du noble[142].

Dès 1741, en Angleterre, le mot « vampire » prend le sens de « tyran qui suce la vie de son peuple », puis Voltaire affirme que « les vrais vampires sont les moines qui mangent aux dépens des rois et des peuples »[A 46]. La métaphore est perpétuée par Karl Marx qui voit dans les capitalistes des suceurs de sang, puis par Hans W. Geissendörfer, dans Jonathan, les vampires ne meurent pas (1970), qui identifie Dracula à Hitler. À l’opposé, l’écrivain Hanns Heinz Ewers, dans Vampire (1921), assimile ces créatures de la nuit aux juifs.

En 1991, Les Inconnus ont créé avec Rap-Tout un clip parodique présentant les impôts français comme du vampirisme, et les hommes politiques français comme des vampires.

En littérature[modifier]

Article détaillé : Vampire dans la littérature.Contrairement à la figure du loup-garou, qui est surtout popularisée par le cinéma, celle du vampire est principalement le résultat de la littérature du XIXe siècle, et notamment du roman de Bram Stocker, Dracula, qui est devenu le symbole du mythe vampirique selon H. P. Lovecraft[143]. Le théâtre puis le cinéma en ont grandement bénéficié jusqu’à faire du vampire un personnage fantastique incontournable.

Premiers écrits littéraires[modifier]

Portrait de l'écrivain John William Polidori magnify-clip Portrait de l’écrivain John William Polidori.Le thème du vampire a inspiré les poètes et écrivains depuis 1748, année à laquelle Heinrich Augustin von Ossenfelder écrit un poème intitulé Der Vampyr[E 21],[144],[145]. En 1797, soit un siècle avant Bram Stoker, l’Allemand Goethe, dans La Fiancée de Corinthe, aborde dans ce long poème narratif, sous forme de métaphore, l’état d’une jeune femme, évoluant entre la vie et la mort et se nourrissant de sang[E 22]. Le premier texte anglais évoquant la figure du vampire demeure The Vampyre de John Stagg, publié en 1810. Mais c’est surtout le mouvement littéraire de la Gothic novel, initié par Horace Walpole avec Le Château d’Otrante (1764), que l’intérêt pour le vampire envahit la littérature[A 47]. Le symbolisme sexuel et le personnage de la femme fatale densifient le mythe originel[E 23]. Cependant, en dépit de cette explosion de romans et nouvelles, trois œuvres ont marqué l’histoire du vampirisme : Le Vampire de John William Polidori (1819), Carmilla de Sheridan Le Fanu (1872) et Dracula de Bram Stoker (1897).

Le Vampire de John William Polidori[modifier]

Article principal : Le Vampire.Le Vampire, publié dans Histoires de vampires et écrit par John William Polidori (1819), marque l’histoire littéraire par l’ampleur de son succès éditorial en Europe. Polidori y met en scène le personnage de Lord Ruthven. Écrite suite à un défi lancé par Lord Byron pendant une journée pluvieuse à, entre autres, Percy Bysshe Shelley (qui refuse) et son épouse Mary Shelley (qui engendre cette même journée son Frankenstein), la nouvelle appartient au roman gothique anglais. Lord Byron, manquant d’inspiration, abandonne ses notes à son secrétaire, Polidori, qui travaille cette ébauche, la développe puis la publie en 1819 dans le New Monthly Magazine. Le roman connaît un succès immédiat en Europe. De fait, la paternité de ce récit a été âprement disputée entre les deux écrivains et sera finalement attribuée à Lord Byron[146]. La nouvelle sera traduite en français par Nodier en 1819, qui l’imitera l’année suivante dans une de ses nouvelles fantastiques[A 48].

Engouement pour le mythe[modifier]

Le Vampir, illustration d'Ernst Stöhr, 1899 magnify-clip Vampir, illustration de Ernst Stöhr, dans Ver Sacrum, 1899.Avec le succès de la nouvelle de Polidori, notamment en Angleterre[A 48], le thème du vampirisme devient incontournable et de nombreux auteurs britanniques, allemands et français s’y essaient : Théophile Gautier, Hoffman et Tolstoï parmi d’autres. Au XIXe siècle, les œuvres de fiction abordant la figure du vampire se multiplient dans la littérature européenne. Lord Ruthwen ou les vampires de Charles Nodier (1820), La Morte amoureuse (publié dans Histoires de morts-vivants) de Gautier (1836), Vamey, le vampire de James Malcolm Rymer (1845), La Famille du Vourdalak (publié dans Histoires de morts-vivants) de Tolstoï (1847) ou encore Histoire de la Dame pâle, nouvelle d’Alexandre Dumas (1849). En Angleterre, le roman Varney le Vampire ou le Festin de sang, publié anonymement en 1847, est l’œuvre la plus volumineuse (800 pages) sur le thème du vampire[147].

Les romans de Paul Féval évoquent le vampirisme : Drames de la Mort (1856), Le Chevalier des ténèbres (1860) et Ville-Vampire (1875), entre autres. Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont (1868), Lokis de Prosper Mérimée (1869), Le Horla (dans sa première version) de Guy de Maupassant (1886) et Le Parasite de Sir Arthur Conan Doyle (1894) sont toutes des œuvres de la littérature qui abordent le mythe du vampire, parfois en en renouvelant le genre. Le vampire intéresse aussi le théâtre[A 48]. En 1820, le Théâtre de la Porte Saint-Martin présente un mélodrame, Le Vampire, de Charles Nodier, T. F. A Carmouche et A. de Jouffroy[E 24]. Le vaudeville parisien présente des figures de vampires également et même l’opéra reprend le mythe, notamment August Marschner et W. A. Wolhbrück en 1828. L’adaptation en allemand du Dracula de Stoker, Nosferatu oder eine Symphonie des Grauens, connaît un succès populaire certain en 1924, si bien qu’elle est jouée au Petit Théâtre de l’Adelphi à Paris en 1927, puis à Broadway, avec dans le rôle du comte vampire l’acteur anglais Raymond Huntley[148].

Carmilla de Sheridan Le Fanu[modifier]

Carmilla magnify-clip Carmilla vue par Joseph Sheridan Le Fanu dans Vampire Story. Article principal : Carmilla.En 1872 à Dublin, Sheridan Le Fanu publie Carmilla, roman qui présente le vampire comme une victime de son propre état et qui s’oppose au bien-pensant de la Grande-Bretagne en abordant le lesbianisme du personnage, sachant que l’homosexualité était fortement condamnée[A 49],[E 25]. Le Fanu renoue également avec le vampirisme antique, se rapprochant des figures des goules et des empuses. Le roman se nourrit de multiples témoignages réels ou lus par l’auteur, notamment le traité de Calmet qui résume le savoir vampirologique en 1749. Son texte a donc une portée documentaire et il contient un appendice sérieux dans lequel Le Fanu s’attache à expliciter la façon dont un mort devient vampire[A 50]. Cette première histoire de femme-vampire moderne sert d’inspiration à Bram Stoker pour écrire Dracula[149].

Dracula de Bram Stocker[modifier]

Première édition du roman Dracula de Bram Stoker, en 1897 magnify-clip Première édition du roman Dracula de Bram Stoker, en 1897. Article principal : Dracula.Lorsque Bram Stoker publie son Dracula, en 1890, la mode du vampire est en recul en Europe, hormis en Angleterre. L’esthétique victorienne se passionne pour les histoires de fantômes (les ghost stories)[150]. Bram Stoker publie Dracula puis L’Invité de Dracula en 1897, La Dame au linceul, son premier roman, sortant en 1909. Dracula n’a cessé d’être réédité[A 51] et demeure l’un des plus grands phénomènes de vente de tous les temps, certaines sources prétendant même qu’il s’agirait de l’ouvrage le plus vendu après la Bible. Plusieurs raisons expliquent cet immense succès, entre autres l’écriture novatrice de Bram Stoker, qui n’hésite pas à employer le journal intime, les notes et le télégramme dans son récit. Le personnage de Dracula, « vampire aristocrate »[151], n’est jamais présenté directement, mais plutôt suggéré à la manière d’un hors-champ cinématographique, d’où l’angoisse qui s’empare du lecteur[152]. Selon Claude Lecouteux, le savoir vampirique théorisé explique le succès éditorial et culturel du roman[A 52]. Ce savoir est expliqué au lecteur par l’intermédiaire du personnage d’Abraham Van Helsing, un vampirologue inspiré du professeur hongrois Ármin Vámbéry de l’université de Budapest, qu’il rencontra à Londres en 1890[E 26]. Stoker introduit également un nouveau motif dans le mythe du vampire, l’ail, même si celui-ci est présent comme objet apotropaïque dans le folklore depuis l’Antiquité romaine[A 53].

Récupérations modernes et amplifications du mythe[modifier]

Couvertures de La Saga du désir interdit magnify-clip Couvertures de La Saga du désir interdit.La fin du XIXe siècle est marquée par la multiplication des romans sur les vampires. Après celui de Stoker, le plus célèbre demeure La Famille du vourdalak d’Alexis Konstantinovitch Tolstoï, qui retrace la transformation d’une famille russe en vampires suite à la mort et la contamination du père, Gorcha[A 54]. Au XXe siècle, les romans qui campent un personnage vampire ou qui narrent la rencontre d’humains avec des vampires sont nombreux. Anne Rice contribue à donner une seconde jeunesse au mythe des buveurs de sang avec ses Chroniques des vampires qui débutent en 1976, et en particulier avec l’opus Entretien avec un vampire, adapté ensuite au cinéma sous le même titre. Dans cette série, Anne Rice donne une interprétation originale des origines des vampires, et axe une bonne partie de l’œuvre autour des interrogations métaphysiques et morales qui peuvent tenailler ces créatures. Dans Je suis une légende, Richard Matheson met en scène le dernier humain vivant dans un monde peuplé de vampires, tout en prétendant apporter une explication scientifique à l’existence de ces derniers.

Plus récemment, dans la saga Twilight débutée en 2005 par Stephenie Meyer, certaines créatures à l’allure vampirique – car très différentes du vampire habituel – vivent parmi les humains et mènent une vie normale en se nourrissant uniquement de sang animal, quand d’autres suivent le régime alimentaire traditionnel. La Saga du désir interdit et les Chroniques des vampires ont popularisé le thème vampirique auprès d’un large public au début du XXIe siècle et sont, parmi des centaines de romans sur le même thème, les seuls qui aient suscité un engouement comparable à la publication de Dracula[153]. Par là-même, l’image symbolique du vampire s’en est trouvée modifiée : d’icône de l’horreur avec Bram Stoker, le vampire est devenu sulfureux et capable de sentiments, symbole de la libération des tabous et de la sexualité débridée avec Anne Rice. Au contraire, avec Stephenie Meyer, le vampire est présenté comme chaste et pudibond, ce qui, d’après Alain Pozzuoli, « vide le mythe vampirique de sa substance »[154].

Au cinéma[modifier]

Article détaillé : Liste de films de vampires.Selon K. M. Schmidt en 1999, il y aurait eu, depuis les débuts du cinéma, plus de 650 films de vampires réalisés[A 55]. Le mythe du vampire est en effet parmi les plus exploités par le septième art, ainsi que dans la publicité, de façon souvent humoristique[155].

Les premiers films[modifier]

Bela Lugosi en Dracula magnify-clip Bela Lugosi dans Dracula (1931).Après les représentations du Dracula de Bram Stoker au théâtre, le mythe est porté à l’écran. Le premier film évoquant un vampire est Nosferatu le Vampire de Friedrich Murnau, en 1922[156]. Ce film lui vaut des poursuites judiciaires de la part de la veuve de Stoker, qui estime qu’il est une adaptation du livre et que Murnau aurait dû en acheter les droits pour le porter à l’écran. Vampyr, ou l’étrange aventure de David Gray est un film danois de Carl Theodor Dreyer sorti en 1932 qui met en scène une femme vampire[157]. En 1931, Bela Lugosi renouvelle le genre en tenant la vedette dans Dracula, réalisé par Tod Browning[E 27]. Bela Lugosi ne reprendra ce rôle qu’une seule fois à l’écran, dans le film parodique Deux Nigauds contre Frankenstein, mais jouera plusieurs personnages similaires et restera l’un des interprètes emblématiques du rôle. Le deuxième acteur le plus représentatif du rôle de Dracula est Christopher Lee qui apparaît en 1958 dans le film de Terence Fisher Le Cauchemar de Dracula. Lee a joué ce rôle dans une dizaine de films[E 28]. Avec l’interprétation de Lugosi, le cinéma passe d’une créature hideuse à celui d’un vampire mondain et distingué. Celle de Lee combine l’allure aristocratique du personnage et ses traits monstrueux, représentés par des canines souvent dégoulinantes de sang[158].

Internationalisation du mythe[modifier]

Ensemble d'objets, d'ouvrages anciens et d'accessoires de films consacrés aux vampires et présentés au Musée des vampires, à Paris magnify-clip Ensemble d’objets, d’ouvrages anciens et d’accessoires de films consacrés aux vampires et présentés au Musée des vampires, porte des Lilas à Paris.Le cinéma présente ensuite des œuvres plus ou moins noires ou parodiques sur le thème des vampires : Le Bal des vampires de Polanski en 1967 est une parodie qui tourne en ridicule tous les poncifs du mythe[159]. Les Lèvres rouges en 1971 de Harry Kümel, Les Prédateurs de Tony Scott en 1983 avec Catherine Deneuve et David Bowie, les deux Vampire, vous avez dit Vampire? de Tom Holland en 1985 et de Tommy Lee Wallace en 1988 sont autant de récupérations modernes du genre. Un remake du Nosferatu de 1922, Nosferatu, fantôme de la nuit (1979) de Werner Herzog, avec Klaus Kinski, Isabelle Adjani et Bruno Ganz fait également date[160]. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, le cinéaste français Jean Rollin contribue à érotiser très fortement le mythe dans des réalisations d’un esthétisme très personnel. En 1987, sortent deux films produits aux États-Unis Aux frontières de l’aube et Génération perdue qui relancent l’intérêt pour les films mettant en scène des vampires[E 29]. Au début des années 1990, le thème des vampires revient en force sur les écrans avec Dracula de Francis Ford Coppola en 1992, fidèle adaptation du roman de Stoker[161], puis avec Entretien avec un vampire de Neil Jordan en 1994, adaptation d’un roman d’Anne Rice[162]. Par la suite, la production de films sur ce thème augmente et des séries mettant en scène des vampires apparaissent[163]. Enfin, on peut citer le film suédois Morse, réalisé par Tomas Alfredson en 2008, et son remake américain de 2010, Laisse-moi entrer de Matt Reeves.

Sagas à succès[modifier]

Dans les années 2000, trois séries mettant en scène des vampires connaissent le succès. La saga de Blade d’abord, en trois opus (Blade de Stephen Norrington adapté du comics, sorti en 1998 ; Blade II de Guillermo Del Toro en 2002 et Blade: Trinity de David S. Goyer en 2004) met en scène un chasseur de vampires lui-même vampire.

Underworld est un film anglo-germano-américano-hongrois, réalisé par Len Wiseman et sorti en 2003, qui présente le conflit sans merci entre deux races immortelles et légendaires : les Lycans (loups-garous) et les Vampires. La saga comprend également : Underworld 2 : Évolution de Len Wiseman de nouveau (2006), Underworld 3 : Le Soulèvement des Lycans de Patrick Tatopoulos (2009) et Underworld 4 de Len Wiseman, prévu pour 2011.

Enfin, l’adaptation au cinéma de La Saga du désir interdit, de Stephenie Meyer, sous le nom de Twilight (Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation, de 2009 à 2012) connaît un réel succès[164].

À la télévision[modifier]

Séries[modifier]

L'acteur David Boreanaz, qui interprète un vampire dans les séries Buffy contre les vampires magnify-clip David Boreanaz interprète le vampire Angel dans les séries Buffy contre les vampires et Angel.Les vampires les plus connus à la télévision sont issus du monde créé par Joss Whedon dans les séries Buffy contre les vampires et Angel. Ceux-ci affichent une faible partie des caractéristiques classiques des vampires. Mais, dans les scénarios de cette série, ils représentent essentiellement une métaphore des peurs et des angoisses que les adolescents doivent affronter pour devenir adultes, et que les jeunes adultes doivent surmonter pour mener leur vie[165]. La série pour la jeunesse Le Petit Vampire, écrite par la femme de lettres allemande Angela Sommer-Bodenburg, est vendue à plus de dix millions d’exemplaires à travers le monde et est portée à l’écran. Elle raconte les aventures d’un jeune garçon passionné par les vampires, Anton Kamenberg, qui se lie d’amitié avec un vampire enfant, Rüdiger von Dentkreuz[166].

Dans la série Supernatural, les frères Winchester luttent contre des vampires. Les séries Moonlight et Blood Ties reprennent les motifs du mythe. Les sœurs Halliwell de la série Charmed ont également à faire face aux vampires dans plusieurs épisodes. Ces vampires sont dirigés par une reine et cette race est en conflit avec les démons et les sorciers qui les ont rejetés de la « société infernale ». La série True Blood, inspirée des romans La Communauté du Sud de Charlaine Harris décrit une coexistence fictive de vampires et d’humains au cœur d’une petite ville de Louisiane. La série Being Human, la Confrérie de l’étrange présente un personnage vampire, aux côtés d’un loup-garou et d’un fantôme. Dans la série Kindred : le Clan des maudits, inspirée de l’univers du jeu de rôle Vampire : la Mascarade, des clans de vampires s’affrontent dans la ville de San Francisco. Dans Sanctuary, série d’abord diffusée sur le Web, Amanda Tapping incarne une scientifique spécialisée dans les créatures non humaines depuis 150 ans. Elle et ses amis de l’époque se sont injecté du sang de vampire, ce qui a eu pour conséquence de leur conférer à chacun un pouvoir spécifique. La série The Vampire Diaries enfin, basée sur la série de romans éponyme de Lisa Jane Smith, met en scène deux vampires, les frères Damon et Stefan Salvatore, qui rentrent dans la ville de Mystic Falls après une longue absence.

Séries d’animation[modifier]

Vampire Host et Vampire gigolo forment une série japonaise de 2004 inspirée de l’univers du manga Blood Hound créé par Kaori Yuki. L’héroïne, Rio Kanou, est une étudiante qui, à la suite de la disparition de plusieurs personnes dont sa meilleure amie, enquête dans un club de vampires avant de sympathiser avec ceux-ci. La série franco-allemande Draculito, mon saigneur, créée par Bruno René Huchez et réalisée par Bahram Rohani en 1992, met en scène Draculito, fils unique du célèbre comte Dracula. Âgé d’une dizaine d’années, il obtient de son père des objets magiques qui l’aident à repousser les attaques de Gousse d’Ail et de ses acolytes. Dans son école, il se lie d’amitié avec Lapin Garou. Il existe une série appelée L’école des Petits Vampires une série d’animation allemande qui met en place Oscar Von Horificus un jeune vampire.

Dans la bande dessinée et manga[modifier]

Article détaillé : Vampire dans la bande dessinée et l’anime.

Dans le manga[modifier]

Couverture du magazine Weird Tales de juin 1936, montrant un vampire s'attaquant à une femme magnify-clip Couverture du magazine Weird Tales de juin 1936 présentant des nouvelles fantastiques.Certains animes japonais exploitent aussi le thème des vampires, le mariant à la culture traditionnelle nippone, le vampire oriental (Kyuuketsuki au japon) étant plus proche du démon que du mort-vivant. Vampire Hunter D. demeure le modèle du genre[167], avec une intrigue fantastique sur fond de décors fin-de-siècle reposant sur la mythologie européenne. Le manga Vampire Princess Miyu de Narumi Kakinouchi intègre le mythe japonais du vampire. Blood Hound de Kaori Yuki met en scène une jeune fille mordue jadis par un vampire, et fréquentant leur milieu. Le monde de Blood: The Last Vampire est davantage obscur, alors que Hellsing présente des chasseurs de vampires embauchés par l’Église anglicane. Kubi Suji Ni Vampire de Shinjo Mayu, Les Lamentations de l’agneau (Hitsuji no Uta) de Toume Kei et Model de Lee So Young incorporent le mythe vampirique à la vie scolaire ; les héros étant des collégiens ou des lycéens se confrontant au mystère des revenants.

En bande dessinée[modifier]

En bande dessinée franco-belge, la série Requiem, Chevalier Vampire (9 tomes, 2000 à 2009) dessinée par Olivier Ledroit, met en scène un univers gothique très sombre et violent, par opposition à des séries comme Petit Vampire de Joann Sfar, qui jouent sur l’humour[168]. Le Prince de la nuit (6 tomes), 1994 à 2001, de Yves Swolfs, met en scène un personnage héritier de plusieurs générations de chasseurs de vampires. 30 jours de nuit (5 tomes, 2004 à 2010), de Steve Niles et Ben Templesmith, est un comic fantastique dépeignant un monde proche du Far West et dans lequel l’homme est en lutte contre des hordes de vampires.

Dans les jeux[modifier]

Jeux vidéo[modifier]

Article détaillé : Vampire dans les jeux vidéo.Le mythe du vampire a obtenu une grande postérité dans l’univers du jeu vidéo, et ce dès ses débuts, avec notamment la série de jeux Castlevania (depuis 1986), dont l’intrigue est basée sur le roman de Bram Stoker, Dracula. La série Legacy of Kain (depuis 1996) en est également inspirée[169], ainsi que Bram Stoker’s Dracula, développé par Traveller’s Tales en 1993. D’autres jeux vidéo mettent en scène des vampires, tels The Elder Scrolls IV: Oblivion dans lequel un personnage est atteint de porphyrie[170]. Darkstalkers est également une série développée par Capcom depuis 1993. Il existe aussi le jeu Dracula : Résurrection, développée par Index+ (1999), suivi du deuxième opus, Dracula 2 : le Dernier Sanctuaire, développé par Wanadoo Edition (2000), et du troisième, Dracula 3 : la Voie du Dragon, de Kheops Studio (2008). Deux jeux vidéo sont inspirés du jeu de rôle du même nom : Vampire : la Mascarade – Rédemption (développé par Nihilistic Software, 2000) et Vampire: The Masquerade – Bloodlines (développé par Troika Games, 2004)[171]. Enfin, A Vampyre Story d’Autumn Moon Entertainment (2008) est inspiré de la nouvelle de John Polidori ; le jeu a reçu un prix pour ses graphismes en février 2009[172].

Jeux de rôle[modifier]

L'écrivain américain Anne Rice magnify-clip Le jeu de rôle Vampire : la Mascarade est inspiré des romans de l’écrivain américain Anne Rice. Article détaillé : Vampire dans les jeux de rôle.Le jeu de rôle Vampire : la Mascarade (et sa nouvelle version Requiem) ont eu une influence importante sur la représentation sociale moderne du vampire[173]. Un vampire y est caractérisé, moins par l’humain qu’il fut, que par des données spécifiques à sa nouvelle vie, comme son appartenance à un clan vampirique, transmettant un profil psychologique et des pouvoirs particuliers, ou encore par son adhésion à une ligue ou une coterie. Il existe ainsi une quinzaine de clans (à la fois familles et factions politiques) dans La Mascarade, et cinq ligues dans Requiem (une ligue se caractérise par une orientation politique ou spirituelle qui détermine le domaine d’activité privilégié du personnage).

Il existe aussi le jeu de plateau La Fureur de Dracula. Enquête en Transylvanie (1989, réédité en 2007), qui reprend l’univers de Bram Stoker[174].

Des personnages vampires apparaissent parmi le bestiaire des plus grands jeux de rôles, tels Le Jeu de Rôle des Terres du Milieu, Donjons et Dragons ou encore Warhammer. L’un des mondes de Donjons et Dragons, Ravenloft, qui se fonde sur l’univers de la littérature gothique, introduit le personnage vampire de Strad Von Zarovitch. Dans le monde de Glorantha, les vampires sont des gens qui ont refusé la mort au point de chercher les secrets du dieu fou nommé Vivamort. D’autres jeux de rôle se contentent de réinterpréter l’origine des vampires en fonction de leur vision du monde. Ainsi, L’Appel de Cthulhu fait des vampires des agents plus ou moins conscients des Grands Anciens décrits par l’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft. Un fanzine consacré aux mythes des vampires, Vampire Dark News, propose dans ses rubriques des jeux de rôles[175].

http://fr.wikipedia.org/wiki/Vampire

Publié dans : Legendes | le 9 mars, 2011 |3 Commentaires »

La légende de Pyréne

Si les Pyrénées sont des femmes comme l’a écrit le comte Russel dans l’exaltation de ses conquêtes, c’est bien à l’une d’elles que ces montagnes doivent leur nom, et leur origine mythologique.
Cette légende, bien connue, dut être vivace dans le monde grec, colportée par les marins. Plus tard, le poète latin Italiacus évoqua la légende hellénique, prétendant que Pyrène aurait accouché d’un serpent avant de mourir. Son corps aurait été placé sur un immense bûcher, mais le feu se serait propagé aux massifs montagneux, faisant couler l’or et l’argent en fleuves ».
Les populations effrayées par l’incendie, auraient alors dénommé Pyrénées ces montagnes embrasées, du grec pur, puros, le feu. Un historien antique, Diodore de Sicile rapporte lui aussi qu’un immense incendie a ravagé les Pyrénées.

 

La légende de Pyrène Après la création de la terre, à l’aube des temps, vivait dans une contrée de hautes montagnes et de profondes vallées une peuplade appelée Bekrydes. Leur souverain, Bebryx, avait établi sa cour dans la plus vaste grotte connue des hommes : Lombrives. Sa fille, belle, jeune et douce, prénommée Pyrène, était courtisée par tous les rois et seigneurs des environs. Mais en vain !

Géryon regnait sur l’ Erythie, contrée d’Espagne, voisine de l’océan. Sa seule société constituait en un troupeau de boeufs rouges, féroces, gardés par un molosse à deux tetes et un dragon à sept gueules. Il s’agissait évidement pour Hercule de s’emparer des boeufs et de les joindre aux trophées qu’il avait déjà ramenés à Mycénes. Armé de son énorme massue et l’épaule recouverte de la peau du Lion de Némée, il suivit les côtes de l’Afrique et parvint au détroit qui les sépare de l’Europe. Avant de passer sur l’autre continent, deux monolithes, un sur chaque rive, sont élevés par ses soins, comme souvenir. De son nom, ils s’appelleront les Colonnes d’Hercule.

Ce jeune et bel homme arriva au pays des Bebrydes. Il fit la connaissance de Pyrène, et fréquemment ils se retrouvèrent. Par une chaude nuit d’été dans la pénombre étoilée, au milieu de senteurs de mille fleurs, leur deux corps d’adolescents vécurent frénétiquement le même instant. Quelques temps après, Hercule se décida a s’absenter pour le rapt du bétail du roi Géryon. Pyrène restait bien seule tandis que sa taille portait la trace de ces fols amours … Aussi eut-elle peur de se montrer face à tous, face à son père le roi Bebryx, d’affronter la colère du souverain offensé. C’est pourquoi elle décida de fuir loin du royaume des Bebrydes.

Au cours de son chemin, un ours, un terrible ours brun s’approcha d’elle, la griffa, la terrassa, déchira son visage et son corps. Pyrène, de douleur hurla. Hercule qui entendit l’écho d’une voix agonisante, laissa tomber ses outils et ses travaux et, d’un bond, par dessus cimes et torrents, accourut pour recueillir dans ses bras, sa bien aimée, morte. Au coeur de l’endroit le plus grandiose de l’immense grotte de Lombrives, dans une salle ornée de roches dorées, eut lieu une grande cérémonie en présence de tous les hauts dignitaires du royaume des Bekrydes. Hercule lentement prononça ces quelques mots d’adieu : Afin que ton nom, ma chère Pyrène, soit conservé à jamais par les hommes qui peupleront cette terre, ces montagnes dans lesquelles tu dors pour l’éternité, s’appelleront dorénavant : Les Pyrénées.

Puis Hercule s’en alla avec ses boeufs via la Gaulle, l’Italie, l’illyrie, l’Epire et l’Hellade vers Mycéne et la suite de ses travaux.

http://pyrene.free.fr/mots/legendes/pyrene.html

Publié dans : Legendes | le 9 mars, 2011 |Pas de Commentaires »

Extrait de Helena Histoire 1 : Les rêves sont-ils des signes ? – Ecrit Par Rostoll Cynthia

Après avoir parcouru des kilomètres sous la pluie glaciale, Helena s’effondra tel un roc au sol, tenant toujours Nathan dans ces bras. Il pleurait depuis plus d’une heure de faim seulement Helena n’avait rien à lui donné, elle avait laissé tomber tous ce qu’elles avaient dans les mains dans le tunnel de la trappe …cela ne faisait que quelques heures que les faits se sont passés et pourtant elle semblait que cela faisait des jours. Trempés jusqu’aux os et voyant que la pluie ne cessa pas, elle se décida à s’arrêtée, trouva dans le creux d’un arbre un vide elle s’y installa. Son petit frère Nathan, sur sa faim le sommeil l’a emporté mais il gargouiller toujours. Elle le posa au sol, celui n’étant pas humide, il ne risquait pas de prendre froid. Quant à elle, elle se colla au fond du trou et réfléchis, tous cela s’était passé si vit. Propre à ses convictions, elle ne laissa pas s’installer le désespoir et se mit à la réflexion. Pour cela elle savait qu’elle était douée. Elle avait 10 ans, toute frêle, des habits trop large, des cheveux noirs comme sa mère, comme l’ébène. Toujours en activité elle ne tenait pas en place, c’est ce que l’on lui reprocher le plus souvent, mais tellement intelligente et futé qu’on ne lui en voulait jamais…elle se rendit compte que cela lui avait bien servi et que cela allait encore lui servir. Alors elle réfléchi. Son père lorsqu’il a mit en place le tunnel leur avait expliqué que sa sorti mener au nord avait de pouvoir rejoindre le plus rapidement le plus proche village. Elle mit sa tête contre le tronc, ses chevaux encore mouillés, en bataille et à plat, lui donnèrent des frissons. Ses vêtement en lin trop longs avaient absorbés toute l’eau, elle décida de le retenir jusqu’au lendemain se disant qu’il serait déjà plus sec que maintenant. Elle enleva également son pantalon…oui son pantalon, Helena était une fille habillé à la garçonne, elle ne supportait pas les robes que devait porter toutes les femmes. Helena les étala au sol et se remettais au fond de son arbre attendant tranquillement que la pluie ne cesse. Elle mis un bon moment à s’endormir et fit un bien étrange rêve, un peu comme un retour sur le passé, vous allez dire qu’il n’y a pas grand-chose comme passée, moindre le moindre instant que capture notre mémoire reste gravées et cela même après des années.

Publié dans : Histoires | le 8 mars, 2011 |1 Commentaire »

Prologue de Helena – Ecrit par Rostoll Cynthia

Le monde aujourd’hui est bien triste vous ne trouvez pas? Moi je le pense, je m’appelle Helena Stanford et j’avais  10 ans. 10 ans vous avez bien entendu et m’a vie était déjà résumé. Ce soir je trouve dans les bois sous la pluie, entre les branches d’un vieux tronc d’arbre. On vient de tuer ma famille, la seule que j’avais, je ne sais pas pour quelles raisons, des guerriers habillés de rouge, monté sur leur chevaux, venait au triple galop dans le village  mettant le feu aux habitations, piller tout ce qu’il pouvait leur rapporter quelques choses, tuer toutes les personnes osant s’opposer en précisant qu’ils choisissent les femmes qu’ils emporteraient avec eux pour assouvir leur désir. Prenait la nourriture du village, embarquant les chevaux en bon état. Je me suis réveiller en sursaut lorsque j’ai entendu le bruit des sabots de leur chevaux martelant le sol signe qu’ils avançaient. Ma mère toute affolé, était venu me récupérer comme elle fait également avec mes 3 frères, mon père était sorti de la maison  pour allait chercher la fourche dans la grange. Il était revenu toute en sueur, on a pris des couvertures, quelques vivres et des bougies.Je me rappellerai toujours de la peur, de la pression et du peu de temps que nous avions. Nous n’avions même pas fait la moitié, que entendions les chevaux hennirent devant la maison, à ce moment mon père nous poussaient, il avait ouvert la trappe qui était situé sous le tapis, bien caché. Mais décidément il n’était pas assez. Je fus la première à y entrer, suivi de mon frère de 4 ans et de ma mère. Kévin, le cadet, avait refermé la trappe et remit le tapis, trop tard. A ce moment les hommes étaient entrés dans la maison, ils avaient vus. Mon père refusa de coopérer fut tuer le premier, mes deux frères Kevin et Stanley suivi de peu enragé par la colère de la mort de notre père. Lorsque ma mère et moi avions compris que nous ne les reverrions plus, on décida d’avancer dans ce tunnel, aussi vite  que nous pouvions seulement le bruit des pas s’entendait en dessus. Les guerriers qui comprirent, s’étaient mis à notre poursuite. Avec tout le poids que nous avions et ma mère ayant mon frère dans les bras, avait du mal à avancer .Elle commencer à sentir la fatiguer, je me rappel  que le temps à ce moment là m’avait parue infini, je pensais que nous allions nous aussi à la mort, c’est à ce moment là que ma mère trébucha dans les couvertures qu’elle avait dans les mains  laissant tombé Nathan. Je me dépêcha d’aider ma mère à se relever, j’avais laissée tout tombés et ramasser Nathan.Je revoit le regard de ma mère, un regard de désespoir, elle m’avait ordonnée de laisser tout tomber, d’emporter mon petit  frère et m’as fait promettre de bien m’occuper de lui. J’entendais les pas des guerriers résonnait dans les couloirs et ma respiration dans le vide. Quant je vis la lumière à la sorti du tunnel, je me suis rappeler de ce que nous avait dit mon père à propos de ce tunnel. Il l’avait fait exprès pour cette situation. Avec un système de poulie il avait remonté un rocher avec mes frères juste à la sortie du tunnel. Il suffisait de couper la corde qu’il la maintenait. LE seul problème : je n’avait pas de couteau, alors je mit un moment à défaire le neuf ; Juste à temps, le rocher tomba lorsque les hommes arriver au bout. C’est ici que mon périple commence , toute seule je devais me débrouiller. Et croyais moi à 10 ans ce n’est pas facile…

Publié dans : Histoires | le 8 mars, 2011 |Pas de Commentaires »

Extrait de Trouve la lumière – Ecrit par Lourties Cynthia

Il fût un phare, sur les côtes Bretonne non loin de Loctudy, où vivait une charmante famille. C’était un phare avec une maison à son pied. La maîtresse des lieux l’avait surnommé « Le Nocturne » et il était peint d’une manière particulière. En effet, c’était un damier noir et blanc.

phare2.png

La dame du phare en question s’appelait Emma. Elle était plutôt petite 1m58 tout au plus, les cheveux blond, une couleur. Ses yeux étaient marron mais de temps en temps elle aimait se mettre des lentilles bleus. Elle était mince grâce à beaucoup d’effort pour perdre du poids, la peau blanche ce qu’il lui avait donné le surnom de « Blanche Neige » quand elle était petite. Agé de 25 ans elle avait migré en Bretagne à l’âge de 21 ans après quelques différents dans sa famille. Mais maintenant elle avait une nouvelle famille. Elle aimait se vêtir d’une robe noire sans ou avec leggins, avec des dockers noirs. Et depuis quelques années, elle vivait un rêve. Passionné des phares depuis l’âge de 11 ans, elle se trouvait dans la région où il y en avait le plus et les plus beaux. Et non seulement elle habitait désormais dans un phare mais en plus elle y avait fondé une famille dedans. Emma avait rencontré Charlie lors d’une balade au port de Bretagne. C’était un marin pêcheur. Plus précisément un matelot pêcheur. Sous l’autorité du patron du bateau, le matelot à la pêche participe à la conduite du navire, aux opérations de pêche et au traitement des poissons capturés. Emma aimait visiter les ports, voir les bateaux, lire leur nom et leur inventer une histoire. Quand elle avait vu Charlie, se fut comme un « coup de foudre » celui qu’elle attendait. Elle avait déjà eu des petits copains, mais rien de réjouissant. Charlie était grand, la peau blanche, les cheveux châtain claire et en bataille, les yeux bleue océan, habillé d’un simple jean et d’une marinière. Après le service de Charlie, ils avaient pris un café pas loin du port et avait très vite sympathisé… Et voilà, maintenant, elle vivait avec lui. Ils avaient fait un mariage des plus simple au bord de l’océan. Juste tous les deux et le prêtre, une robe rouge et blanche faisant office de robe de marié. A ce moment là, elle se sentis libre. Et enfin, elle pu fonder une famille. Emma avait tapé dans ses profondes économies pour acheter un phare où elle vivait avec Charlie. Puis elle tomba enceinte. Une paire de jumeaux à son plus grand plaisir et étonnement. Ils les avait appeler Arthur et Gabriel.

famille1.png

Emma portait autour du coup une chaîne avec un œil de St Lucie au bout. Sainte Lucie, vierge et martyre, jeune fille de Syracuse accompagna sa mère qui souffrait d’une grave maladie sur la tombe de Sainte Agathe. A force de prières, elle obtient la guérison de sa mère. En remerciement elle distribua tous ses biens aux pauvres ce qui déplu fortement à son fiancé qui l’accusa d’être chrétienne et de violer les édits de Césars. Selon les légendes, soit elle s’arracha les yeux, les disposa sur un plat et les fit porter à son fiancé qui ne parvenait pas à oublier leur beauté, soit elle s’arracha les yeux et les jeta à la mer pour ne pas être détournée de sa foi et éloigner les prétendants (ce qui donne le lien avec notre fameux coquillage). Tandis que Charlie lui avait un tatouage vers l’intérieur de son avant bras gauche. C’était une ancre marine en noire. Tatouage qu’il s’était fait à l’âge de 18 ans quand il est rentré dans les matelots pêcheurs.

ancre.png

Publié dans : Histoires | le 8 mars, 2011 |Pas de Commentaires »
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